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Le Grand Littré

 

"Rien n'a changé depuis lors ; les dictionnaires ont continué à se faire et à se refaire, et le public a continué de les accueillir et d'en user. Ajouter à ce genre de compositions une composition de plus pour quelque amélioration que l'on imagine et que l'on exécute, est donc chose ordinaire. Pourtant, comme un dictionnaire de la langue française, même lorsqu'il porte le moins le caractère d'une élaboration originale et le plus celui d'une compi­lation, est toujours une œuvre et bien longue et bien lourde,(...)" Extrait de la préface au dictionnaire, par son Auteur, 1878.

Le Littré

baal

/ ba-al /

s. m.

Grande divinité des Assyriens, que les Grecs assimilaient à leur Jupiter. Qui peut vous inspirer une haine si forte ? Est-ce que de Baal le zèle vous transporte ? Pour moi, vous le savez, descendu d'Ismaël, je ne sers ni Baal ni le Dieu d'Israël, Rac. Ath. III, 3.

/ En style biblique, Baal est le nom collectif des dieux des païens.

baanite

/ ba-a-i-t' /

s. m.

Hérétique appartenant à une sorte de secte manichéenne.

bab

/ bab /

s. m.

Nom du chef d'une secte religieuse qui s'est élevée de nos jours en Perse et qui a été en butte à d'horribles persécutions. Le chef de la religion, le Bab, c'est-à-dire la porte ou le point, n'est qu'une émanation plus directe de la divinité, F. Chaulnes, Journal offic. 30 janv. 1875, p. 816, 2e col.

baba

/ ba-ba /

s. m.

Pâtisserie dans laquelle sont mêlés des raisins de Corinthe.

/

Au plur.

Des babas.

babel

/ ba-bèl /

s. f.

Babylone.

/ Poétiquement. Il [Paris] bâtit au siècle où nous sommes, Une babel pour tous les hommes, Un panthéon pour tous les dieux, V. Hugo, Voix, 4.

P. C'est la tour de Babel, se dit, par allusion au récit biblique, d'une assemblée où tout le monde parle sans s'entendre, où personne n'est d'accord.

babélique

/ ba-bé-li-k' /

adj.

Qui a rapport à la tour de Babel, et fig. qui est plein de confusion, de foule. Je crus voir de Paris se dessiner l'image... Ses faubourgs fourmillants, ses halles babéliques, Ant ; Campaux, Maisonnette, p. 16. Pourtant, l'italien, l'allemand, l'anglais, ont eu leur part, accusant ainsi le caractère un peu babélique de ces réunions internationales [le congrès botanique de Florence], J. E. Planchon, Rev. des Deux-Mondes, 15 juill. 1874, p. 457.

baberi

/ ba-be-ri /

adj.

Nom d'une écriture qui a été usitée en Perse. Il [le sultant Baber] rappelle surtout avec complaisance une écriture singulière, à laquelle il avait donné son nom... c'était l'écriture baberi... l'existence de l'alphabet baberi ne peut être révoquée en doute... Ferd. Delaunay, Journ. offic. 27 août 1872, p. 5721, 3e col.

babeurre

/ ba-beu-r' /

s. m.

Nom vulgaire du lait de beurre ou petit-lait, c'est-à-dire liquide blanc qui reste du lait, quand la partie grasse du lait est convertie en beurre.

babiche

s. f.

Barbiche. Couper ses babiches.

2. babiche

/ ba-bi-ch' /

s. f.

ou babichon

/ ba-bi-chon /

s. m.

Nom d'une sous-variété de petits chiens, dits chiens d'appartement. Vous perdez pour une babiche Des pleurs qui suffiraient pour racheter un roi, Voit. Poésies.

babil

/ ba-bill, ll mouillées /

s. m.

1. Abondance de paroles faciles et sans importance. Les jeunes filles acquièrent vite un petit babil agréable, J. J. Rouss. Em. V. Il écoutait au maillot le babil de sa nourrice, id. Em. I. L'éloge va se placer comme de lui-même dans leur babil éternel [des académiciens], Montesq. Lett. pers. 73.

2. Cri de la corneille et de plusieurs oiseaux.

3. Terme de chasse. Aboiement d'un limier qui a perdu la piste, ou qui donne trop de voix.

S. babil, caquet. On dit que les pies et les perroquets caquettes ; ce sens reste dans l'emploi de caquet. Le caquet exprime une élévation de ton, une prétention à régenter ou à médire, et des propos bons ou mauvais. Babil n'implique rien de tout cela ; ce n'est que la simple effusion, en paroles faciles, d'une personne qui se complaît à parler.

H. XVe s. Au fait d'amours, babil est peu de chose ; Riche amoureux a toujours l'avantage, Villon, Ball.

/ XVIe s. Ils convertissent la philosophie en un babil sophistique, Calv. Instit. 537. Des nonnains la doulce babille. Leur babil sainct, le chant d'icelles, Leurs ceremonies tant belles, Marot, IV, 187.

babillage

/ ba-bi-lla-j', ll mouillées, et non ba-bi-ya-j' /

s. m.

Action de babiller qui se prolonge. Quand finira ce babillage ?

babillard, arde

/ ba-bi-llar, llar-d', ll mouillées, et non ba-bi-yar ; le d ne se lie pas : un babillard ennuyeux, dites : ba-bi-llar ennuyeux ; au pluriel : des ba-bi-llar ennuyeux ; cependant plusieurs prononcent l's : des ba-bi-llar-z ennuyeux /

adj.

1. Qui aime à babiller. Enfant babillard. Les passions sont un peu babillardes. Volt. Lettr. Schouvalof, 11 juin 1761.

/ Il se dit des oiseaux parleurs. Perroquet babillard ; pie babillarde.

/ Terme de chasse. Chien babillard, chien qui aboie trop ou qui aboie après avoir perdu la trace.

2. Substantivement. C'est un babillard, une babillarde.

/ Par extension, personne qui ne sait pas garder un secret. Il ne faut jamais confier son secret à un babillard.

3. Dans un moulin, axe agitant l'auget qui fait descendre le grain de la trémie entre les meules du moulin.

S. babillard, bavard. La différence entre babillage et bavardage indique la différence entre babillard et bavard. Le babillage est facile et futile ; il n'est pas nécessairement ennuyeux et fatigant ; au lieu que le bavardage n'a rien qui le rachète. De même le babillage n'est point déplaisant de nécessité ; il ne l'est que par le temps, la circonstance et l'excès ; au lieu que le bavard est nécessairement déplaisant, étant dépourvu de l'agrément que le babil a quelquefois chez les enfants, chez les femmes, et dans les circonstances qui le comportent.

H. XVIe s. Combien avons nous meilleure raison de detester ces babillars, lesquels se contentent d'avoir l'evangile au bec, le mesprisant en toute leur vie ? Calv. Instit. 537. Ptolomée Lamyros, c'est à dire plaisanteur et babillard, Amyot, Cor. 15.

babillement

/ ba-bi-lle-men, ll mouillées /

s. m.

Action de babiller.

babiller

/ ba-bi-llé, ll mouillées, et non ba-bi-yer /

v. n.

1. Parler beaucoup, facilement, et surtout pour le seul plaisir de parler. C'est véritablement la tour de Babylone ; Car chacun y babille, et tout du long de l'aune. Mol. Tart. I, 1.

2. Dire du mal. Je sais que l'on babille sur moi.

3. Se dit d'un limier qui donne trop de voix.

H. XVe s. Sçais-tu qu'il est, ne me babilles Meshuy de ton bee : et me pays, Patelin.

/ XVIe s. Tous ceux qui babillent que nous sommes justifiez par soy... Calv. Inst. 603. Parce qu'il n'est pas usité, Ne commun qu'une femme ou fille Sçaiche tant, ne qu'elle babille Latin, ne gros, ne elegant, Marot, IV, 163.

babillerie

/ ba-bi-lle-rie, ll mouillées /

s. f.

Habitude de babiller. Ce sont ordinairement des amitiés des jeunes gens qui se tiennent aux moustaches, aux cheveux, aux œillades, aux habits, à la morgue, à la babillerie, St ; Fr. de Sales, p. 513.

babine

/ ba-bi-n' / ou babouine

/ ba-boui-n' /

s. f.

1. Nom vulgaire des lèvres chez les singes, les chiens, les ruminants, etc.

2. Fig. et populairement. S'en donner par les babines, faire un bon repas, manger son bien.

/ Se lécher les babines, manifester le plaisir qu'on a éprouvé en mangeant ou en buvant quelque chose de bon.

H. XIVe s. Les babines estant disjointes bien demi pied, demeurant ouvertes en cette belle extase, Moyen de parvenir, p. 258.

babiole

/ ba-bi-o-l' /

s. f.

1. Jouet d'enfants.

2. Fig. et familièrement, chose de peu de valeur, d'importance. Et cent autres babioles que je sais quelquefois par cœur, Sév. 346. On voulait, disait Alberoni, tromper le roi d'Espagne, et le traiter comme un enfant, on lui montrait de loin une babiole, St-Sim. 494, 206. Les artistes mettent un prix arbitraire à leurs babioles, J. J. Rouss. Em. III.

H. XVIe s. Elle pendit ceste medaille à son col avec les aultres babioles que femmes et filles y portent communement, Carloix, VIII, 26.

babion

/ ba-bi-on /

s. m.

Sorte de petit singe.

babiroussa

/ba-bi-rou-sa / ou babirussa

/ ba-bi-ru-sa /

s. m.

Mammifère pachyderme, dit aussi cochon-cerf (sus babirussa, L.).

bablah

/ ba-bla /

s. m.

Substance végétale employée dans la teinture. Gousses tinctoriales, 4 fr ; les 100 kilogrammes : on comprend sous cette dénomination, particulièrement le bablah des Indes et le libidibi ou dividivi d'Amérique, Cordier, Journ. offic. 3 juill. 1872, p. 4517, 2e col.

bâbord

/ bâ-bor ; le d ne se lie jamais : le bâbord est... dites : le bâ-bor est, et non le bâ-bor-t est /

s. m.

Terme de marine. Côté gauche d'un bâtiment, quand, placé à la poupe, on regarde la proue. Il est opposé à tribord.

/ Par extension, le marin dit que tout ce qui est à sa gauche est à bâbord.

/ Fig. et familièrement. Faire feu de tribord et de bâbord, faire usage de toutes ses ressources.

H. XVIe s. Amure, babord, Rab. Pant. IV, 22.

bâbordais

/ bâ-bor-dê /

s. m.

Terme de marine. Les hommes de l'équipage sont classés en deux moitiés, dont l'une, appelée les bâbordais, a ses hamacs à bâbord, et l'autre, comprenant les tribordais, couche à tribord ; chacune de ces moitiés monte à son tour sur le pont pour faire le quart, appelé de là quart de bâbord et quart de tribord, Legoarant.

babotte

/ ba-bo-t' /

s. f.

Larve d'insecte qui dévore la luzerne.

baboucard

/ ba-bou-kar /

s. m.

Nom vulgaire de plusieurs espèces de martin-pêcheur.

babouche

/ ba-bou-ch' /

s. f.

Pantoufle en cuir de couleur, sans quartier et sans talon. La pièce où j'unis hardiment Et la babouche et le bas blanc, Volt. Lett. vers, 20. Le Turc partit en traînant majestueusement ses babouches, Châteaub. Itin. 74.

babouin

/ ba-bouin /

s. m.

1. Nom vulgaire et spécifique du cynocéphale babouin, sorte de singe.

2. Fig. et familièrement, enfant que l'on compare à un singe. [Il] S'avise De le tancer : ah ! le petit babouin, Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise. La Font. Fabl. I, 19.

/ On dit, en parlant d'une petite fille, une petite babouine.

3. S'est dit autrefois d'une figure ridicule que les soldats dessinaient grossièrement sur les murs d'un corps de garde, pour la faire baiser, par forme de punition, à ceux qui enfreignaient les lois établies entr eux.

/ Fig. Faire baiser le babouin à quelqu'un, le réduire à se soumettre, malgré qu'il en ait.

4. Familièrement. Un babouin, de petits boutons autour des lèvres.

H. XIVe s. Et plusieurs autres bestes, si comme babuins et singes, J. de mand. dans Du Cange, babewynus. Li quens de Flandres Baudoin Ne semble mie babouin, Ne bec jaune, ne fous naïs, Au departir de son pays, Guiart dans Du Cange, baboynus.

/ XVIe s. On n'emploie pas seulement les personnes à chasser les oiseaux [des chenevières], mais les choses mortes, qu'on appelle au païs les babouins, d'Aub. Fœn. III, 15.

babouine

/ ba-boui-n' /

s. f.

Voy. babouin.

2. babouine

/ ba-boui-n' /

s. f.

Voy. babine.

babouvisme

/ ba-bou-vi-sm' /

s. m.

Doctrine des babouvistes.

babouviste

/ ba-bou-vi-st' /

s. m.

Partisan de l'égalité absolue entre tous les hommes.

baby

/ ba-bi, au plur. babies, prononcé aussi ba-bi ; la prononciation anglaise est be-bi,

Au plur.

be-bis' /

s. m.

Mot anglais qui se dit quelquefois aujourd'hui pour bébé, petit enfant. Les babies britanniques ont des teints de crème et de fraise, Th. Gautier, les Beaux-arts en Europe, t. I, p. 44.

2. baby

/ ba-bi /

s. m.

Partisan de la doctrine religieuse de Bab. Après quelques victoires, les babys furent défaits ; le Bab prisonnier fut conduit à Tabriz, où on le supplicia, F. Chaulnes, Journ. offic. 30 janv. 1875, p. 816, 3e_col.

babylone

/ ba-bi-lo-n' /

s. f.

Ville très-célèbre de l'Asie, située sur l'Euphrate.

/ Fig. et en style de chaire, lieu de désordre et de crimes, le monde, la société.

babysme

/ ba-bi-sm' /

s. m.

Doctrine religieuse du Bab. Le babysme... cette secte étrange [en Perse, 1847-1852] qui a eu ses dieux, ses martyrs, ses prophètes et qui, bien qu'étouffée en apparence, n'est peut-être pas bien morte encore... cette doctrine... peut se résumer ainsi : Dieu est en tout, donc tout est Dieu ; le chef de la religion, le Bab, c'est-à-dire la porte ou le point, n'est qu'une émanation plus directe de la divinité, F. Chaulnes, Journ. offic ; 20 janv. 1875, p. 816, 2e col.

bac

/ bak /

s. m.

1. Grand bateau glissant le long d'un câble qui sert à le faire mouvoir et destiné à passer les hommes, les animaux, les voitures, etc. d'un bord d'une rivière à l'autre. précomtal avait fait passer l'Adige à une vingtaine de soldats, au-dessous de Vicence, près d'Albaredo, où ils étaient, pour amener un bac de notre côté, St-Sim. 95, 2.

2. Technologie. Cube en pierre pour recevoir l'eau de pluie,

/ Grand coffre pour piler le sucre au sortir de l'étuve.

/ Vase de bois dans lequel le brasseur prépare les grains et le houblon.

/ Endroit plein d'eau pour conserver le poisson.

/ Bassin en briques pour éteindre la chaux.

/ Bac à eau, baquet pour mettre de l'eau, dont on fait usage dans les serres.

/ Bac à terre, baquet servant à délayer la terre pour terrer le sucre.

3. Bac oblique, bac réuni obliquement à un câble tendu d'une rive à l'autre, de manière à traverser la rivière par l'action même du courant.

H. XIIe s. Si s'en est jusqu'al port aléas Et li notoniers avec lui ; Si s'en entrent el bac andui [tous les deux], Chrestien de Troyes, Perceval le Gallois, v. 9736.

/ XVe s. Une fois puet on, quoi qu'on die, Faire une grant feste en sa vie, Une fois fault passer ce bac [se marier], E. Deschamps dans Ste-Palaye.

2. bac

/ bak /

s. m.

Abréviation dont se servent les joueurs en parlant du baccara. Taillant un petit bac, Alph. Daudet, Journ. offic., 1876, p. 9490, 2e_col.

bacaliau

/ ba-ka-li-ô /

s. m.

La morue séchée.

bacbuc

/ ba-kbuk /

s. f.

Dans Rabelais, la dive Bacbuc, la bienheureuse bouteille.

baccalauréat

/ ba-kka-lo-ré-a /

s. m.

Le premier grade universitaire, celui qui donne le titre de bachelier. Se préparer pour le baccalauréat.

baccara

/ ba-ka-ra /

s. m.

Jeu de cartes qui se joue entre un banquier et un certain nombre de pontes.

bacchanal

/ ba-ka-nal /

s. m.

Familièrement, grand bruit, vacarme.

/ Il n'a point de pluriel.

H. XIIIe s. Durant les quatre samedis fu si grant baquenal en la mer devant Damiette, que il y ot bien douze vins vessiaux, que grans que petiz, briziez et perdus, Joinv. 219.

bacchanale

/ ba-ka-na-l' /

s. f.

1. Danse bruyante et tumultueuse.

/ Familièrement, débauche faite avec bruit.

2.

Au plur.

Fêtes que les anciens célébraient en l'honneur de Bacchus.

/ Au sing. Représentation d'une danse de bacchantes et de satyres. La bacchanale du Poussin.

S. bacchanale, bacchanal. Un bacchanal, c'est un grand bruit, un grand tapage. Une bacchanale ajoute au bruit le sens de fête désordonnée ou de débauche.

H. XVIe s. Quant aux remunerations bacchanales [bacchiques], les uns et les autres y participent, et il est difficile d'avoir continué ce train ici quelque temps, qu'on en sente desjà les avant-coureurs des maladies, Lanoue, 522.

bacchante

/ ba-khan-t' /

s. f.

1. Prêtresse de Bacchus célébrant les bacchanales.

2. Fig. C'est une bacchante, une vraie bacchante, se dit d'une femme sans modestie et sans retenue. Une mode qui éloigne les cheveux du visage, bien qu'ils ne croissent que pour l'accompagner, qui les relève et les hérisse à la manière des bacchantes... La Bruy. 13.

3. Joli papillon de France qui vole par saccades.

bacchiaque

/ ba-khi-a-k' /

adj.

Vers bacchiaque, sorte de vers grec ou latin composé principalement de bacchius.

bacchius

/ ba-khi-us' /

s. m.

Pied grec ou latin composé d'une brève et de deux longues.

bacchus

/ ba-khus' /

s. m.

1. Divinité de la Fable, présidant au vin.

2. Fig. Le vin lui-même. Il les mène à sa table oublier leur querelle, Et Bacchus scelle entre eux une paix éternelle, St-Lambert, Saisons, Hiver.

baccifère

/ ba-ksi-fê-r' / adj. Terme de botanique. Qui porte des baies.

bacciforme

/ ba-ksi-for-m' /

adj.

Terme de botanique. Qui a la forme d'une baie.

baccivore

/ ba-ksi-vo-r' /

adj.

Terme de zoologie. Qui vit principalement de baies.

bacha

/ ba-cha /

s. m.

Espèce de préfet, chez les Turcs. Les prêteurs et les proconsuls étaient, si j'ose me servir de ce terme, les bachas de la république, Montesq. Espr. XI, 19 (voy. pacha).

bachasse

/ ba-cha-s' /

s. f.

Terme rural. Chaussée d'un étang.

bachasson

/ ba-cha-son /

s. m.

Terme de papeterie. Auge qui donne de l'eau aux piles.

bachat

/ ba-cha /

s. m.

1. Auge à cochons dans quelques provinces.

2. Terme de papeterie. Cavité qui se trouve sous le pilon.

bache

/ ba-ch' /

s. m.

Terme de houillère en Belgique et dans le département du Nord.

1. La cuve en bois servant à puiser les eaux des réservoirs.

2. Réservoir dans lequel une pompe verse l'eau pour une pompe supérieure.

3. Mesure de houille d'un hectolitre.

4. Bache de hiercheur, petit panier ou traîneau dans lequel les hiercheurs traînent la houille ou les pierres.

bâche

/ bâ-ch' /

s. f.

1. Terme de jardinage. Encadrement en bois ou en pierre, ordinairement abrité par des vitraux et rempli de terre de bruyère ou autre.

2. Sorte de cuvette où se rend l'eau puisée par une pompe aspirante, et où elle est reprise par d'autres pompes qui l'élèvent de nouveau.

3. Petite caisse qui sert à mesurer le minerai. Caisse employée pour jeter le minerai dans le haut fourneau. Auge dans laquelle on refroidit les scories.

4. En terme de marine, partie de la grève où il reste de l'eau à marée basse.

5. Terme de pêche. Bâche ou bâche traînante, filet en forme de poche que l'on traîne sur le sable, dans les endroits où il y a peu d'eau, pour prendre le poisson dans les rivières.

6. Pièce de grosse toile ou de cuir dont on recouvre les diligences, les charrettes, les bateaux, pour garantir les marchandises de la pluie.

7. Terme de houillère. Planche sciée de longueur pour revêtir les parois des bures.

/ Espèce de plancher que l'on établit pour faciliter le roulage.

bâché, ée

/ bâ-ché, chée /

part. passé.

Recouvert d'une bâche. Une diligence bien bâchée.

bachelette

/ ba-che-lè-t' /

s. f.

Jeune fille gracieuse. Une gentille bachelette. Vous cajolait la jeune bachelette, La Font., Cloch.

H. XIIIe s. Et se ce est vallet [si c'est un garçon], Si lui quiere un auget ; Et se c'est baisselette [une fille], Si lui quiere minette, De l'oustillement au vilain, p. 16. Et comme bonne baisselete, Tiengne la chambre Venus nete, la Rose, 13539.

bachelier

/ ba-che-lié : l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : les bacheliers et... dites : les bache-lié-z et... /

s. m.

1. En termes de féodalité, jeune gentilhomme qui, n'ayant pas moyen de lever la bannière, était contraint de marcher sous celle d'autrui, qui aspirait à être chevalier et tenait rang entre le chevalier et l'écuyer. Les jeunes gens étaient bacheliers, ce qui voulait dire chevaliers, ou varlets et écuyers, Volt. Mœurs, 97. Pour un signe de deux beaux yeux, On sait qu'il n'est rien que ne fassent Les seigneurs et les bacheliers, V. Hugo, Ball. 13.

2. Garçon. Dans la Touraine, un jeune bachelier, La Font. Cloch. Vieux en ce sens.

3. Celui qui dans la faculté de droit canon, après trois ans d'étude, soutenait un acte dans les formes prescrites par la faculté. Le bachelier, plongé dans les quatre premiers siècles, traite toute autre doctrine de science triste, vaine et inutile, pendant qu'il est peut-être méprimé du géomètre, La Bruy. 12. J'ai des forces, du feu, de l'esprit, de l'étude ; Et jamais sur les bancs on ne vit bachelier Qui sût pus à propos interrompre et crier, l'abbé de Villiers, Art de prêcher. Il vous faudra un jour réprimer les bacheliers en fourrure, ainsi que les gens en bonnet à trois cornes, Volt. Lettr. la Chalotais, 9 juin 1763.

/ Dans l'ancienne faculté de médecine, celui qui avait étudié deux ans et qui, ayant subi l'examen général, était revêtu de la fourrure pour entrer ensuite en licence.

4. Aujourd'hui, dans l'Université, celui qui est promu au bacchalauréat, dans une faculté. Bachelier ès lettres, ès sciences, en droit.

H. XIe s. Et escremissent [font des armes] cil baceler leger, Ch. de Roi, VIII.

/ XIIe s. Tuit baceler et noble conquerant, Ronc. p. 131, Breton, flaman, baceler parisant, ib. p. 156. Blont [il] et le poil, menu recercelé [à boucles menues], En nule terre n'ot si beau baceler, Romancero, p. 51. Sire, fait-il, laenz sunt quatre bacheler, Des chevaliers le rei, Th. le Mari, 139.

/ XIIIe s. Quant iere bachelers legiers, Volentiers gelines menjole, En ces haies où ges [je les] trovoie, Ren. 13100. Entre vous et ce bacheler Robichonet au vert chapel, Qui si tost vient à vostre apel, Avés-vous terres à partir ? la Rose, 8566. Un bacheler françois qui cuidoit que la coustume de France fust de sustance de mariage, une feme qu'il avoit prise segont la costume où il estoit, lessa et prist une autre, Liv. de Just. 178. Quant je reving à ma nef, je mis en ma petite barge [barque] un escuier que je fiz chevalier, et deux moult vaillans bachelers, Joinv. 214.

/ XVe s. Car c'est le metal [l'or et l'argent] par quoi on acquiert l'amour des gentils hommes et des povres bacheliers, Froiss. I, 1, 8. Sur ce la bonne dame [Isabelle d'Angleterre] avoit jà prié moult de chevaliers, bacheliers et aventuriers qui lui promettoient que très volontiers ils iroient, id. I, 1, 19.

bâcher

/ bâ-ché /

v. a.

1. Couvrir d'une bâche. Bâcher une voiture.

2. Terme de houillère en Belgique. Poser les bâches sur madriers et les clouer sur les bois de la cloison qui coupe le puits selon son axe longitudinal.

/ Plancheier une voie descendante pour faciliter le roulage.

bâcheur

/ ba-cheur /

s. m.

Ouvrier chargé de bâcher, c'est-à-dire de poser les madriers dans les mines de houille. Primes distribuées aux hercheurs, aux bâcheurs et aux avaleurs, Journ. offic. 25 février 1873, P ; 1361, 1re col.

bachique

/ ba-chi-k' /

adj.

Qui appartient, qui a rapport à Bacchus, le dieu du vin. Fête bachique, Il condamna la musique bachique, Fén. Tél. XII.

/ La liqueur bachique, le vin.

/ Chanson bachique, chanson à boire. [Un des conviés] Lamentant tristement une chanson bachique, Boil. Sat. III Je ne tiens qu'au refrain bachique Par le tournebroche annoncé, Bérang. Tournebr.

/ Terme de peinture. Genre, scène bachique, se dit des tableaux qui représentent des scènes de buveurs.

R. On ne voit pas pourquoi l'Académie ne veut qu'un c à bachique, tandis qu'il y en a deux à bacchanal, bacchanale, bacchante.

bâchire

/ bâ-chi-r' /

s. f.

Terme de houillère en Belgique. Cloison de planches clouées dans une bure.

bachlick

/ bach-lik / ou bachelick

/ ba-che-lik /

s. m.

On vend sous ce nom une espèce d'écharpe en filet de laine à larges mailles, formant capuchon pour la tête, avec des bouts pendants et munis de longues houpes ; le mot et la chose sont d'origine russe. Enveloppé dans sa peau de mouton, la tête encapuchonnée dans son bachlick, son long fusil lui battant le dos à chaque secousse, il [le cavalier tartare du Caucase] trottine silencieusement,... J. Patenôtre, Rev. des Deux-Mondes, 1er déc. 1874, p. 524.

bachmourique

/ bach-mou-ri-k' /

adj.

Dialecte bachmourique, dialecte de la langue copte.

bacholle

/ ba-cho-l' /

s. f.

1. Casserole de cuivre dont on se sert dans les papeteries.

2. Vase en bois dans lequel le fromager dépose la pelote de lait caillé, pour faire le fromage du Cantal, Les Primes d'honneur, p. 448, Paris, 1874.

bachon

/ ba-chon /

s. m.

bachoue

/ ba-choue /

s. f.

Grand vaisseau de bois pour transporter les boyaux au lavoir, etc.

bachot

/ ba-cho /

s. m.

1. Petit bateau.

2. Nom, dans les environs de Paris, du vase dans lequel on recueille le raisin. Il faut six bachots pour faire une barrique de vin.

bachotage

/ ba-cho-ta-j' /

s. m.

Droit établi sur les bachots.

bachoteur

/ ba-cho-teur /

s. m.

Batelier qui conduit un bachot.

bachotte

/ ba-cho-t' /

s. f.

Terme de pêche. Espèce de baquet pour transporter des poissons.

bachou

/ ba-chou /

s. m.

Sortie de tonneau ouvert par le haut et servant de hotte.

bachoue

/ ba-choû /

s. f.

Voy. bachon.

bacile

/ ba-si-l' /

s. m.

Terme de botanique. Plante ombellifère qu'on nomme aussi perce-pierre, passe-pierre, christe-marine ou fenouil marin (crithmum maritimum, L.).

bacillaire

/ ba-sil-lê-r' /

adj.

Terme d'histoire naturelle. Qui est long, grêle et cylindrique comme une baguette.

bacinet

/ ba-si-né /

s. m.

1. Terme de botanique.

2. Partie de l'armement de tête des hommes d'armes (voy. bassinet).

bâclage

/ bâ-kla-j' /

s. m.

Arrangement des bateaux dans un port pour la charge et la décharge des marchandises.

/ Fermeture d'un port par des chaînes, des câbles, etc.

/ Fermeture du passage d'une rivière par des hérissons.

bâclé, ée

/ bâ-klé, klée /

part. passé.

Une porte bâclée.

/ Fig. C'est une affaire bâclée, terminée vite et à la hâte.

bâcler

/ bâ-klé /

v. a.

1. Fermer une porte ou une fenêtre avec une barre de bois ou de fer.

/ Bâcler un port, le fermer avec des chaînes.

/ Bâcler une rivière, en fermer le passage avec des hérissons.

2. Bâcler un bateau, le fixer pour le charger et le décharger.

3. Fig. et familièrement, expédier un travail à la hâte. Il a lestement bâclé sa besogne.

H. XIIIe s. Renost Qui bacle, Géraud, Paris sous Philippe le Bel, p. 43.

bacneur

/ ba-kneur /

s. m.

Ouvrier qui creuse les bacnures.

bacnure

/ ba-knu-r' / ou baquenure

/ ba-ke-nu-r' /

s. f.

Terme du pays de Liège, qui désigne une galerie faite à travers les bancs de roches perpendiculairement au puits de la mine ; c'est le synonyme de bouveau 2.

bacologique

/ ba-ko-lo-ji-k' /

adj.

Qui a rapport aux vers à soie. La campagne bacologique - ceci regarde ceux qui s'occupent de la production de la soie - a été splendide au Japon, où on a eu des graines excellentes et en grande quantité en beaucoup d'endroits. Journ. offic. 7 oct. 1874, p; 6894, 3e col.

baconisme

/ ba-ko-ni-sm' /

s. m.

Philosophie de Bacon, philosophie expérimentale.

baconiste

/ ba-ko-ni-st' /

s. m.

Disciple de Bacon ; adhérent à la philosophie de Bacon.

baconner

/ ba-ko-né /

v. a. Mettre dans un baquet d'eau salée.

bactérie

/ ba-kté-rie /

s. f.

Infusoire végétal, possédant une faculté de locomotion qui se retrouve dans beaucoup de conferves. Les bactéries jouent dans les tissus et les humeurs des êtres organisés le rôle destructeur des principes immédiats que jouent les champignons microscopiques appelés ferments.

/ Bactéries du sang de rate, bactéries qui se développent dans le sang des animaux morts de cette maladie et aussi dans le sang des individus atteints de pustule maligne.

/ On dit aussi bactéridie. M. Pasteur met hors de doute que le principe toxique c'est bien l'être organisé, la bactéridie, Journ. offic. 3 mai 1877, p. 3232, 3e col.

bactérique

/ ba-kté-ri-k' /

adj.

Qui a rapport aux bactéries. On peut comprendre [en considérant la diffusion, dans l'atmosphère, des corpuscules invisibles] la marche des épidémies qui ravagent un pays, épargnant certaines villes d'un même département ; est-ce là un résultat de l'action de nuages bactériques s'abattant sur un point et ne touchant point les autres? Bouchut, Journ. offic. 8 juill. 1876, p. 4960, 1re col.

bactrien, ienne

/ ba-ktri-in, iè-n' /

adj.

Qui est relatif à la Bactriane. Le législateur bactrien, Zoroastre.

bacul

/ ba-ku /

s. m.

Large croupière des bêtes de voiture, qui leur bat sur les cuisses.

badail

/ ba-dall, ll mouillées /

s. m.

Terme de pêche. Sorte de filet en forme de chausse, que l'on traîne au fond de l'eau.

badamier

/ ba-da-mié /

s. m.

Arbre de Malabar (terminalia catalpa, L.) qui donne des amandes émulsives très agréables à manger et fournissant par l'expression une huile douce analogue à celle de l'olive.

badaud, aude

/ ba-dô, dô-d' ; le d ne se lie pas ; le badaud est... dites : le ba-dô est... l's se lie au pluriel : les badauds à l'entour, dites : les ba-dô-z à l'entour /

s. m.

et f.

/ Qui s'arrête à considérer tout ce qui lui semble nouveau. Les badauds de Paris, locution qui vient de ce que, à Paris comme dans les grandes villes, une foule s'amasse rapidement autour de quoi que ce soit. Tu seras des badauds en passant adoré, Régnier, Sat. XVI. L'espoir qui le domine, C'est, chez son vieux portier, De parler de la Chine Aux badauds du quartier, Bérang. Jean de Paris. Et la vieille badaude, au fond de son quartier, Dans ses voisins badauds voit l'univers entier, Volt. Vanité. Un troisième, moine et seigneur, dont les paysans sont mainmortables, attendait un arrêt du conseil qui le mit en possession de tout le bien d'un badaud de Paris qui, ayant par inadvertance demeuré un an et un jour dans une maison sujette à cette servitude, y était mort au bout de l'année, id. l'Homme aux quarante écus, aud; du contr. gén. Paris est un grand lieu plein de marchands mêlés... Et, parmi tant d'esprits plus polis et meilleurs, Il y croît des badauds autant et plus qu'ailleurs, Corn. Menteur, I, 1. Le tout glacé, verni, blanchi, doré, Et des badauds à coup sûr admiré, Volt. Temple du goût.

S. badaud, benêt, nigaud, niais. L'étymologie, du moins pour les trois premiers, montre les nuances. Le badaud est celui qui baye aux corneilles, qui s'arrête à toute chose, comme s'il n'avait jamais rien vu ; le niais, comme le jeune oiseau qui sort pour la première fois de son nid, est sans expérience, et, en quoi une créature bénite, simple, et qui fait ou croit tout ce qu'on veut. Le nigaud est celui qui s'attrape à toute chose, et qu'aussi par toute chose on attrape.

H. XVIe s. Car j'entends que plusieurs badaux S'en vont disant : ce n'est qu'ivrognerie Que les vaux-de-vire nouveaux, Jean Le Houx. II. Reputez grands badaux, et caillettes, sots en latin et en françois, de l'avoir enduré, Sat. Mén. p. 83. Le fort de Gournay, qu'on appelle maintenant bridebadaut, ib. p. 155. Et ainsi le pauvre badaut de village s'en alla quitte... Paré, XV, 28.

badaudage

/ ba-dô-da-j' /

s. m.

Action de badauder.

H. XVIe s. Il estoit bourgeois de Paris, Et de fait par un long usage Il retenoit du badaudage, Sat. Mén. p. 217.

badauder

/ ba-dô-dé /

v. n.

Faire le badaud. Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

badauderie

/ ba-dô-de-rie /

s. f.

Entretiens et actions de badauder. Nous allâmes au Palais-Royal où la badauderie des courtisans m'étonna plus que celle des bourgeois, Retz, III, 60.

H. XVIe s. Quand les vieux soldats les surprenoient en telles badauderies, Brant. Duels.

badaudois

/ ba-dô-doî /

s. m.

Terme de plaisanterie. Le monde des badauds, la gent badaude. Les caillettes de tout parage... formèrent le corps des vivandières, et les racoleurs enrôlèrent sans peine tout le badaudois, Piron, dans Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. IV (Alexis Piron).

bade

/ ba-d' /

s. f.

Terme de charpenterie. Ouverture du compas qui mesure les jours entre une pièce de bois et la place où elle doit être mise.

badelaire

/ ba-de-lê-r' /

s. m.

Terme de blason signifiant une épée courte, large et recourbée.

R. Badelaire est le même que baudelaire (voy. ce mot).

H. XIIe s. Cavelier tira un grand panart ou badelaire, Du Cange, badelare. Et lors il sacha un bazelaire et en fery si grand cop... id. ib.

/ XVe s. Si les convint couper plançons de bois à leurs épées et leurs badelaires pour leurs chevaux lier, Froiss. I, I, 38. Le connestable contre les coups se couvroit de son bras et croisoit de son badelaire en soi défendant vaillamment, id. III, IV, 28. Un petit coustel portatif, appelé baudelaire, Du Cange, badelare.

/ XVIe s. Affiloient, cimeterres, brancs d'acier, badelaires, Rab. Prol. du livre III.

baderne

/ ba-dèr-n' /

s. f.

Terme de marine.

/ Tresse plus ou moins large, faite de fils de caret et employée à recouvrir les mâts, les vergues, les câbles, dans les parties que des frottements pourraient détériorer.

/ Grosse tresse en vieilles cordes pour empêcher des bestiaux de glisser par l'effet du roulis.

/ Fig. Toute chose ou tout individu hors d'état de servir.

badiane

/ ba-di-a-n' /

s. f.

Terme de botanique. Grand arbre de la Chine et de la Tartarie (illicium anisatum, L.), qui porte des fruits appelés anis étoilé.

badigeon

/ ba-di-jon /

s. m.

1. Couleur en détrempe dont on peint les murailles.

2. Pâte qui sert à remplir les trous et les défauts des figures sculptées et du bois.

badigeonnage

/ ba-di-jo-na-j' /

s. m.

Action de badigeonner.

badigeonné, ée

/ ba-di-jo-né, née /

part. passé.

Mur badigeonné.

badigeonner

/ ba-di-jo-né /

v. a.

1. Peindre une muraille avec du badigeon. Badigeonner une façade.

2. Remplir les creux d'un morceau de sculpture ou de menuiserie avec du badigeon.

badigeonneur

/ ba-di-jo-neur /

s. m.

Celui dont le métier est de badigeonner.

badignolle

/ ba-di-gno-l' /

s. f.

Nom provincial d'une espèce de bourrée. Qu'elle [une délibération du conseil général d'Indre-et-Loire] a frappé les... bois dur, cotrets, badignolles, bourrées, charbon de bois et de terre, Décret, 24 novembre 1876, Bulletin des lois, partie supplém. no 94, p. 358.

badillon

/ ba-di-llon, ll mouillées /

s. m.

Terme de marine. Petite brochette que l'on cloue de distance en distance sur le gabarit d'un bâtiment en construction, pour indiquer la largeur des pièces de bois.

badin, ine

/ ba-din, di-n' /

adj.

1. Qui se plait aux choses légères. Un homme badin. Riez, Zélie, soyez badine et folâtre à votre ordinaire, La Bruy. 13. Ce n'est que pour toi seul qu'elle est fière et chagrine ; Aux autres elle est douce, agréable, badine, Boil. Sat. X.

/ Substantivement. Hors de mode aujourd'hui chez nos plus froids badins, Boil. Sat. XII.

2. En parlant des choses. Un air badin. Esprit badin. Lettre badine. L'âme du singe fit tant de tours plaisants et badins, que l'inflexible roi des enfers ne put s'empêcher de rire, Fén., t. XIX, 54. O Dieu ! où serait ici votre sagesse de n'avoir montré des hommes à la terre que pour faire des essais badins de votre puissance ? Mass. Car. Avenir. Le ton de la conversation y est [à Paris] savant sans pédanterie, gai sans tumulte, poli sans affectation, galant sans fadeur, badin sans équivoque, J. J. Rouss. Hél. II, 14.

/ Poème badin, poème qui raconte, en un style léger, des aventures badines, comme le Vert-Vert de Gresset.

/ En termes de graveur, pointe badine, main adroite et légère à tracer les traits.

3. Adj. Fou, peu raisonnable. En ce sens il est peu usité présentement. Moi, jaloux ! Dieu m'en garde, et d'être assez badin Pour m'aller amaigrir avec un tel chagrin, Mol. le Dép. 1, 2.

/ Substantivement. Sus, badin, levez-vous ; si vous tombiez dedans... Régnier, Sat. XIV.

S. badin, enjoué, folâtre. Badin, quand on laisse de côté le sens ancien, qui le rapproche de badaud, signifie celui qui, se plaisant aux choses légères, y met ou de l'esprit ou de la grâce. L'enjoué met de la gaieté aux choses qu'il dit. Le folâtre se livre à de petites folies qui ont leur charme, si la circonstance s'y prête, mais qui dépassent et le badinage et l'enjouement.

H. XVIe s. On voit ez comedies italiennes tousjours un pedante pour badin [plastron], Mont. I, 138. Quand je tanse avecques mon valet, quand je l'appelle un badin, un veau... id. I, 270. J'ay veu aussi les badins excellents, vestus simplement, id. II, 104. Pour rire un ris acheté à prix d'argent, qu'ils payent à des baladins et à des badins et joueurs de farces, Amyot, Tranquill. d'âme, 40. Au reste ils sont si sots et si badins qu'ils craignent Les charmeurs dont les points et la voix les contraignent A leur faire service... Rons. 878.

badinage

/ ba-di-na-j' /

s. m.

1. Action de badiner. Un innocent badinage. Le badinage de son humeur, Hamilt. Gramm. 15. C'est une chose bien sérieuse que de mourir ; ce n'est point alors le badinage qui sied bien, mais la constance. La Bruy. 16. Croyez-vous qu'ébloui de vos vaines paroles J'ignore qu'en effet tous vos discours frivoles Ne sont qu'un badinage... Boil. Sat. X. Vouloir accorder tout le luxe et tout le badinage du monde avec la dévotion, cela n'est pas sans exemple, mais c'est l'aveuglement le plus déplorable, Bourd. Pensées, t. I, p. 459. Faire Dieu le sujet d'un badinage affreux, Boil. Art. p. II.

2. Ton badin, manières badines, style badin. Il y a un badinage agréable dans les écrits de cet auteur. Imitez de Marot l'élégant badinage, Boileau, Art. p. I. Quand il n'était question que de plaisirs, on eût dit qu'il n'avait étudié toute sa vie que l'art si difficile, quoique frivole, des agréments et du badinage, Fonten. Argenson.

/ Locution proverbiale, mais qui a vieilli : être instruit en badinage, c'est-à-dire être fait à tout ce qu'on veut, être instruit de toute l'intrigue, être accoutumé à tout ce qu'on désire.

3. Chasse au badinage, celle qui consiste à attirer les canards sauvages à l'aide d'un chien que l'on fait courir sur le bord de l'eau. La chasse au badinage n'est pas une fable, comme le croient bien des chasseurs ; si vous en doutez, faites-en l'expérience : promenez-vous le long d'une mare assez large où s'ébattent des canards domestiques ; et, quel que soit votre chien, vous les verrez suivre tous ses mouvements, Carteron, Premières chasses, Papillons et oiseaux, p. 96, Hetzel, 1866.

H. XVIe s. Je sçay bien que les poures Egyptiens d'Erodote sont fort moquez quant à leur religion, et ne nie pas que ce ne soit à bon droict ; car on y voit de grans badinages, H. Est. apolog. pour Hérod. Disc. prélim. VI.

badinant

/ ba-di-nan /

s. m.

1. Cheval surnuméraire dans un attelage. Six chevaux de carrosse et un badinant. Il a vieilli.

2. Avant la Révolution, badinant, le neuvième conseiller d'une chambre, au parlement de Paris.

badine

/ ba-di-n' /

s. f.

Baguette mince, souple et légère.

/

S. f.

plur. Sorte de petites pincettes.

badinement

/ ba-di-ne-man / adv. D'une manière badine. Pégase s'agenouillait badinement, quand Voiture le montait. Sarrazin, Pompe funèbre de Voiture.

badiner

/ ba-di-né /

v. n.

1. Faire le badin, plaisanter. Avec ses compagnons tout le jour badiner, Sauter, courir, se promener, La Font. Fab. VIII, 16. Je rapporte ceci pour une leçon qui doit apprendre à ne jamais badiner avec les armes, St-Sim. I, 189. Le disciple de Zénon a sans cesse la lance en arrêt contre la volupté ; celui d'Epicure vit sous la même tente et badine avec elle, Dider. Essai s. Claude, liv. II. Des choses que vous dites en badinant, Sév. 111. Il badine sur la belle pièce que j'ai faite, id. 562. J'ai eu tort de badiner sur M. d'Oldenbourg, id. 435. La maladie de nos jours est de vouloir badiner de tout, Vauven. Sur les anc. et les mod. Mais du vent qui s'élève un souffle inaperçu Badine avec ma voile et l'enfle à mon insu, Lamart. Ep. à Delav. La véritable grandeur s'abandonne quelquefois... elle rit, joue et badine, mais avec dignité, La Bruy. 2.

/ Familièrement. C'est un homme qui ne badine pas, il est grave, susceptible, sévère.

/ Fig. En parlant des ajustements. Cette dentelle badine. Laissez badiner ce voile.

/ En termes de manège, ce cheval badine avec son mors, il joue avec son frein.

2. Avoir le ton badin, le style badin. Cet auteur badine agréablement dans ses écrits. Ce n'est pas quelquefois qu'une muse un peu fine Sur un mot en passant ne joue et ne badine, Boil. A. poét. II.

/ Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

badinerie

/ ba-di-ne-rie /

s. f.

Chose dite ou faite pour badiner. Si le lecteur est scandalisé de toutes les badineries qu'il a vues dans ce livre, il fera fort bien de n'en lire pas davantage, Scarr. Rom. com. ch. 12. Cette badinerie n'est ni fade, ni usée, Sév. 572.

/ Chose folle ou niaise. Si j'appréhende quelque chose, c'est que des personnes un peu sérieuses ne traitent de badineries le procès du chien et les extravagances du juge, Rac. Plaiseurs, préface. Les génies les plus élevés tombent quelquefois dans la badinerie, Boil. Longin, ch. 7.

H. XVIe s. Ce sera quelqu'un qui fera mention d'une autre personne en bonne part [dans les épitaphes], ou celuy-là est le meilleur amy que j'aye, et plusieurs autres escripts pleins de telle badinerie, Amyot, De la curiosité, 19.

badingue

/ ba-din-gh' /

s. f.

Voy. bandingue.

badours

/ ba-dour /

s. m.

plur. Tenailles moyennes.

badrée

/ ba-drée /

s. f.

En Normandie, marmelade de pommes ou de poires qu'on étend sur les pâtisseries, sur les tartes, Delboulle, Gloss. de la vallée d'Yères, Le Havre, 1876, p. 30.

badrouille

/ ba-drou-ll, ll mouillées /

s. f.

Terme de marine. Pelote formée de vieux cordages goudronnés, pour chauffer un vieux bâtiment que l'on veut caréner.

R. Le même que vadrouille (voy. ce mot).

bafoué, ée

/ ba-fou-é, ée /

part. passé.

Il se vit bafoué, Berné, sifflé, moqué, joué, La Font. Fab. X, 9.

bâfre

/ bâ-fr' /

s. f.

Repas abondant. Mot populaire.

bâfrée

/ bâ-frée /

s. f.

Partie de plaisir où l'on bâfre. Il y a bâfrée céans. Populaire.

H. XIVe s. Couppe le cuir [du cerf] par derriere les oreilles, en allant au travers, en laissant grans bauffrées [pièces] du cuir pendant, Modus, fo XXI, verso.

/ XVe s. Le suppliant dit que si on faisoit son devoir, ou bailleroit à icellui Julien une baufrée au long des joues, Du Cange, buffa.

bâfrer

/ bâ-fré /

v. n.

Manger gloutonnement et avec excès. Populaire.

/ Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

H. XVIe s. Il feut conclud que ils les bauffreroient sans rien y perdre, Rab. Gar. I, 4. On [au] dyable l'ung qui se feignoyt ; c'estoyt triumphe de les voir bauffrer, id. Pant. II, 26.

bâfreur

/ bâ-freur /

s. m.

Celui qui mange avec excès et gloutonnerie. Populaire.

bagace

/ ba-ga-s' /

s. f.

Voy. bagasse.

bagage

/ ba-ga-j' /

s. m.

1. Objets empaquetés, nécessaires à ceux qui sont en voyage ou à la guerre. Voyageur sans bagage. Le général marchant sans bagages. Le soldat après la perte de tous ses bagages. Le soldat en désordre Imprudemment s'engage Tant à brûler le camp qu'à piller le bagage, Mairet, Sophon. II, 4. Son bagage est bientôt fait ; il emporte ses bras et s'en va, J. J. Rouss. Em. III.

/ Fig. Le bagage de cet auteur n'est pas lourd, il a peu écrit.

/ Familièrement. Plier, trousser bagage, décamper, s'en aller. Elle trousse bagage, et faisant la gentille, Régnier, Sat. XIII. Après la figure que nous avons faite, faut plier bagage, Mol. Mis. IV, 4.

/ Plier bagage signifie aussi mourir.

2. En termes de guerre, armes et bagage, les armes et les équipages de la troupe. La garnison capitula et obtint de sortir avec armes et bagage.

H. XVIe s. Il fit plier bagage à ses troupes, Mém. sur du G. ch. 5. La capitulation s'estoit faitte avec vie et bague sauve, et mal gardée, pource que les soldats eschapperent, et pillerent le bagage maugré les chefs, d'Aub. Hist. I, 335. La capitulation se fist aussi tost à bagues sauves, enseigne desploiée, et la meche allumée, sept jours de terme pour ploier bagage, id. ib. II, 59. Nos troupes sont à cette heure toutes troublées et difformées par la confusion du bagage et des valets qui ne peuvent esloigner leurs maistres à cause de leurs armes, Mont. II, 93.

bagarre

/ ba-ga-r' /

s. f.

Tumulte, grand bruit, encombrement, violent désordre. Il a péri dans la bagarre.

bagasse

/ ba-ga-s' /

s. f.

1. Canne passée au moulin et dont on a extrait le sucre.

2. Tiges de la plante qui fournit l'indigo quand on les retire de la cuve après la fermentation.

2. bagasse

/ ba-ga-s' /

s. f.

Femme de mauvaise vie. Vieux. On n'entend que ces mots, chienne, louve, bagasse, Mol. l'Etour. V, 14. Bagasse, ouvriras-tu ? Régnier, Sat. XI.

H. XIIIe s. C'est cil [amour] qui les amans justise, Et qui abat l'orgueil des gens, Et si fait des seigneurs sergens, Et des dames refait baiesses [servantes], la Rose 875. Sire, serjant, baiasse ou dame, ib. 11120. Tel baiasse [servante] ne tel meschine, Du Cange, baila. Il n'ont baesse [servante] ne serjent [serviteur], Ruteb. 128. Mais de tes joies, dame chiere [la sainte Vierge], Ne lairoie que ne contasse ; Li saluz, ce fu la premiere ; Dame, lors t'apelas baasse, id. II, 16.

/ XIVe s. Marguerite fut traictie par devers nous pour la bateure Adeline, jadis beasse de la dite Marguerite, Du Cange, beassa.

/ XVe s. Icelle basse ou chamberiere du dit prestre, id. audibilis.

/ XVIe s. Tant qu'elle estimeroit que l'on voulust donner l'honneur dont elle se verroit privée, à cette bagasse de Gabrielle, Sully, Mém. t. I, p. 536, dans Lacurne.

bagatelier

/ ba-ga-te-lié /

s. m.

Celui qui dit ou fait des bagatelles. Il n'y aurait point d'empêchement qui privât les quolibetiers du privilége du jubilé ; ce que je puis dire des bagateliers, si toutes les bagatelles étaient aussi belles que les vôtres, Rac. Lexique, éd. P. Mesnard.

bagatelle

/ ba-ga-tè-l' /

s. f.

1. Objet de peu de prix ou inutile. Je lui redevais une bagatelle. Mille francs, une bagatelle pour un homme aussi riche. Il ne lui manque aucune de ces curieuses bagatelles que l'on porte sur soi, autant pour la vanité que pour l'usage, La Bruy. 2. Tu n'as pas eu le courage de donner la moindre bagatelle à ta maîtresse, Hamilt. Gramm. 11.

2. Chose frivole, sans importance. Il se fâcha pour une bagatelle. Dire des bagatelles. S'amuser à des bagatelles. A quelles bagatelles ai-je perdu tout mon temps ! Ce qu'elle vous veut dire est une bagatelle, Corn. Agés. II, 7. Voilà le fait! c'est une bagatelle, Regnard, Fol. amour. Prologue. Vous lirez cela quand vous n'aurez rien à faire du tout, quand votre âme aura besoin de bagatelles ; car point de plaisir sans besoin, Volt. Lett. Mme du Deffant, 13 oct. 1759.

3. Absolument, la bagatelle, les frivolités agréables qui occupent le monde. Jusque-là qu'en votre entretien La bagatelle a part ; le monde n'en croit rien, La Font. Fab. X, 1. Ce n'est pas que souvent on ne connaisse la bagatelle et le néant de tout cela [le monde et ses engagements], Bourd. Pensées, t. I, p. 224. Il ne faudrait que quelque réflexion ; mais l'enchantement de la bagatelle dissipe tellement nos pensées que nous oublions sans cesse le seul bien digne de notre souvenir, id. ib. t. I, p. 37. Un homme qui n'a de l'esprit que dans une certaine médiocrité, est sérieux et tout d'une pièce ; il ne rit point, il ne badine jamais ; il ne tire aucun fruit de la bagatelle, La Bruy. 11. Je suis fort aise que ce petit traité me présente l'occasion d'obliger les femmes à mépriser la bagatelle pour s'attacher aux choses les plus belles et les plus utiles, Marg. Buffet, Observ. p. 174.

/ S'amuser à la bagatelle, s'occuper de choses futiles et sans intérêt. C'est une politique sûre de laisser le peuple savourer la bagatelle, La Bruy. 10.

/ Elliptiquement, et comme expression de dédain. Bagatelle que tout cela.

4. Composition légère. Lisez cette bagatelle ; elle est d'un homme d'esprit.

5. Amourette, galanterie. On ne peut rien faire de ce jeune homme ; il n'aime que la bagatelle. Je ne croirai jamais qu'elles s'offensent de ce qu'on quitte un peu la bagatelle, Hamilt. Gramm. 4. Maman dirait : craignez les bagatelles ! Le diable est fin, tremblez, Suzon, Bérang. Cartes.

/ Ne pas s'amuser à la bagatelle, pousser les choses plus loin que la simple bagatelle, Baron, Fausse prude, II, 4. Les choses étaient entre elle et le duc à ne plus s'amuser à la bagatelle, Hamilt. Gramm. 8.

P. Ce sont les bagatelles de la porte, se dit de choses sans importance et auxquelles il ne faut pas s'arrêter.

bagaudes

/ ba-gô-d' /

s. m.

plur. Bandes de révoltés, dans les Gaules, qui étaient composées surtout d'esclaves, et qui excitèrent des troubles très sérieux sous les empereurs Dioclétien et Maximien.

bagne

/ ba-gn' /

s. m.

Lieu où sont renfermés les forçats.

2. bagne

/ b-gn' /

s. m.

Terme de jardinage. Tonneau contenant de la terre à pots tamisée.

bagnole

/ ga-gno-l' /

s. f.

Sorte de wagons pour les chevaux. Une compagnie de chemin de fer est-elle tenue d'avoir dans chacune de ses gares et stations, à la disposition des expéditeurs de chevaux, des wagons-écuries, des wagons dits bagnoles et autres, au choix des expéditeurs ? Gaz. des Trib. 17-18 août 1874, p. 787, 1re col.

R. Une bagnole est, dit-on, dans les Ardennes, une mauvaise voiture. Bagnole se dit couramment en Normandie dans le même sens. C'est probablement un péjoratif de banne, banneau.

bagnolet

/ ba-gno-lè /

s. m.

Terme de marine. Prélart goudronné employé à couvrir les câbles autour des bittes, à bord des navires non pontés.

bagnolette

/ ba-gno-lè-t' /

s. f.

Ancienne sorte de coiffe à l'usage des femmes.

bagou

/ ba-gou /

s. m.

Bavardage où il entre de la hardiesse, de l'effronterie, et même quelque envie de faire illusion ou de duper. Mot tout à fait populaire.

baguage

/ ba-ga-j' /

s. m.

Terme de jardinage. Incision circulaire pratiquée aux branches des arbres fruitiers, de la vigne, pour arrêter la séve descendante et empêcher le fruit de couler.

bague

/ ba-gh' /

s. f.

1. Anneau que l'on met au doigt. En cette bague au moins reçois de mon honneur Et de ma pasion un véritable gage, Rotr. Bélis. II, 16. J'ai rencontré un orfèvre qui, sur le bruit que vous cherchiez quelque beau diamant en bague... Mol. Mar. forcé, 5.

/ Familièrement, c'est une bague au doigt, se dit de toute chose dont on peut tirer facilement avantage.

2. Anneau qu'on suspend à un poteau, au bout d'une carrière où l'on court la bague. On courait souvent la bague devant leurs fenêtres, Scarr. Rom. com. II, ch 9. [Il] Court le faquin, la bague, escrime des fleurets, Régnier, Sat. V. A faire des vers, à courir la bague, Pasc. Grand. 13. Vous faisiez [Henri III] mille grimaces, courir la bague en femme, faire des repas avec vos mignons, puis faire le dévot, Fén. XIX, 398.

/ Fig. Courir la bague, faire rapidement une excursion. Nous sommes venus courant la bague depuis la dinée, Sév. 349.

/ Jeu de bague, machine à pivot, où sont adaptés ordinairement des chevaux de vois, sur lesquels montent les joueurs qui cherchent à enlever la bague.

3. Anneau soudé sur le corps d'un tuyau d'orgue.

4. Terme d'architecture. Membre de moulure qui divise horizontalement les colonnes dans leur hauteur.

5. Terme d'horticulture. Cercle d'œufs de papillon qui entoure une branche d'arbre fruitier.

6. Terme de marine. Petit cercle en fer ou en cordage servant à fixer les focs et voiles d'étai.

7. Terme de mécanique. Bague d'excentrique, cercle métallique qui enveloppe l'excentrique circulaire.

8. Moulure au goulot d'une bouteille. Litres, forme française à deux bagues, Enquête, Traité de comm. avec l'Anglet. t. VI, p. 510.

H. XVe s. De là alla le roy à Turin, et y emprunta les bagues de madame de Savoye, et les mit en gage pour douze mille ducats, Comm. VII, 5.

/ XVIe s. Il passa dix jours à la bague, aux fleurets et au jeu, d'Aub. Hist. II, 259. Il y fust couru en six jours unze bagues, que plusieurs dames et demoyselles donnèrent, Carl. III, 16. Les sergents lui voulans oster des bagues d'or qu'il avoit pendues aux oreilles, lui arracherent quand et quand le bout de l'oreille, Amyot, Mar. 21.

bagué, ée

/ ba-ghé, ghée /

part. passé.

de baguer. Une robe baguée.

2. bagué, ée

/ ba-ghé, ghée /

part. passé.

de baguer. 2. Une branche baguée.

3. bagué

/ ba-ghé /

adj.

m. Canon de fusil bagué, canon défectueux, et dont la surface intérieure offre une espèce de bourrelet.

baguenaude

/ ba-ghe-nô-d' /

s. f.

1. Fruit du baguenaudier, gousse pleine d'air et de petites graines, et qui éclate avec bruit lorsqu'on la presse.

2. Ancienne pièce de poésie française en dépit des règles et du bon sens ; c'était un amphigouri en vers blancs.

3. Niaiserie.

H. XVe s. Comme peut estres creance d'homme si legiere, que telles baguenaudes soient prinses pour doctrine, ou telles superstitions pour vraye religion ? A. Chartier, l'Espérance, p. 253. Jean respondi à icelle femme : ce sont toutes baguenaudes que tu me bailles, Du Cange, bagarotinus. Baguenaude [nom d'une combinaison de rimes], Henri de Croy, dans Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 451.

/ XVIe s. Entre les especes de nostre poesie, il y en eut une que l'on appeloit baguenaude, qui sembloit avoir esté de propos delibéré introduite en despit de la vraye poesie, Pasquier, Recherches, liv. VII, p. 594. Nota que les Picards dient que les baguenaudes sont coupplets faicts à la voulenté, contenans certaine quantité de syllabes sans ritme ni raison, Fabri, Art de la rhétorique, liv. II, p. 58, verso.

baguenauder

/ ba-gue-nô-dé /

v. n.

S'amuser à des choses vaines et frivoles. Ton goût est de baguenauder en amour, Hamilt. Gramm. 4. Je m'en vais musant et baguenaudant jusqu'à Naples, P. L. Cour. Lett. II, 64.

/ Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

H. XVe s. Par quoy je conclus que mieulx vault nostre mestier et est plus convenable, que d'aler baguenauder à la court et regarder qui a les plus belles pointes, les plus gros bourrelets... J. de Bueil, le Jouvencel, fo 16, recto.

/ XVIe s. Diogenes qui baguenaudoit à part soy roulant son tonneau, Mont. I, 378.

baguenauderie

/ ba-ghe-nô-de-rie /

s. f.

Action de baguenauder, niaiserie.

H. XVIe s. Me suis trouvé avec des damoiselles qui se lavoient la gorge des baguenauderies que leur avoient ramagé leurs courtisans, Contes de Cholières, fo 220, verso.

baguenaudier

/ba-ghe-nô-dié /

s. m.

Arbrisseau d'ornement fort commun en Europe (colutea arborescens, L.). Les feuilles, purgatives, portent le nom de séné d'Europe, faux séné vésiculeux.

2. baguenaudier

/ba-ghe-nô-dié /

s. m.

1. Celui qui baguenaude.

2. Jeu composé d'un certain nombre d'anneaux qu'il faut enfiler et désenfiler suivant un certain ordre.

H. XVIe s. Quelques reveries qu'apportent ici ou les philosophes ou ces baguenaudiers, nous avons cela, que rien ne peut porter l'image de Dieu sinon l'esprit, comme de fait Dieu est esprit, Calvin, 37.

baguer

/ ba-gué /

v. a. Terme de tailleur. Arranger et coudre à grands points les doublures d'un habit, d'une robe, etc.

S. La différence entre baguer et bâtir est que, quand on a bagué, les grands points restent, et que, quand on a bâti, on enlève ces grands points qui n'étaient que provisoires.

H. XVe s.Edouard fist trousser et baguer tout son bagage, Jean de Troyes, Chron. 1475. Nous gaignerons nostre escot, car icelle femme est bien baguée, et creez qu'elle a desrobé qui que ce soit, Du Cange, baga. Et Dieu sait s'elle partit, bien baguée [nippée], Louis XI, Nouv. LXVII.

/ XVIe s. ... Navrent les uns et les aulcuns tuerent, Les autres prins lyerent et baguerent, J. Marot, V, 28. ... Pour voir amener le Biarnois prisonnier en triomphe, lié et bagué [enchaîné], Sat. Ménip. p. 22.

2. baguer

/ ba-ghé /

v. a. Terme d'horticulture. Enlever un anneau d'écorce à une branche.

3. baguer

/ ba-ghé /

v. a. Terme de marine. Fixer, installer, placer des bagues où le besoin le requiert.

bagues

/ ba-gh' /

s. f.

plur. Bagage. Unité seulement en cette phrase : sortir vie et bagues sauves, sortir d'une place de guerre en sauvant ses bagues, c'est-à-dire avec permission d'emporter sur soi tout ce qu'on peut.

/ Fig. Sortir, revenir bagues sauves ; se tirer heureusement d'un danger, d'une difficulté.

H. XVe s. Le roy m'envoya parler à ceulx qui estoient dedans Mondidier, lesquelz s'en allerent leurs bagues saulves, et laisserent la place, Comm. IV, 3. ... Or je Vous laisse gantelet et dague, Car au surplus je n'ay plus bague De quoy je me pusse deffendre, Villon, Arch. de Bagn.

/ XVIe s. Ceulx de dedans lors bagues saulves crient, J. Marot, V, 91. Marcou souloient crier, et faire grosses bragues, Mais ores vouldroient ils quicter harnoys et bagues, id. V, 156. Herophytus conseilla aux alliez de prendre plus tost les bagues et despouilles des Perses, que les Perses mesmes, Amyot, Cimon, 15. Gylippus leur envoya denoncer par un herault, qu'il leur permettoit de s'en pouvoir aller vies et bagues sauves hors de la Sicile, id. Nicias, 35.

baguette

/ ba-ghè-t' /

s. f.

1. Sorte de petit bâton mince et flexible.

/ Dans quelques pays, certains officiers portaient une baguette quand ils étaient en fonction ; de là figurément, le sens d'autorité donné à baguette. Se laisser mener à la baguette, se montrer soumis à une volonté impérieuse. Harlay, le premier président, menait ce grand corps [le parlement] à la baguette, St-Sim. 16, 193. Le marquis d'Effiat gouvernait Monsieur, la cour et souvent ses affaires à baguettes, id. 327, 25.

2. Baguette magique, baguette que portaient les fées, les magiciens. Là j'ai la baguette des fées, A faire le bien je me plais, Bérang. Petit coin. De sa baguette un ou deux coups Donnaient fécilité parfaite, id. Petite fée.

/ Fig. Cela s'était fait avec un coup de baguette, Sév. 75. Le coup de baguette fait sortir de terre tout ce qu'il veut, id. 177.

3. Baguette divinatoire, baguette tournante, baguette de coudrier qui tourne entre les mains de certaines gens, et qui est supposée donner la faculté de reconnaître les sources, les trésors cachés, les assassins, etc.

4. Baguettes de tambour, les deux petits bâtons avec lesquels on bat la caisse.

5. Baguette de fusil, de pistolet, baguette qui sert à presser la charge dans le canon. On le [Candide] fait tourner à droite, à gauche, hausser la baguette... Volt. Cand. 2.

6.

S. f.

plur. Supplice militaire qui consiste à frapper avec une baguette. Passer un soldat par les baguettes.

7. Terme d'architecture. Petite moulure ronde, en forme de baguette.

8. Dans les laboratoires, tige de verre pour remuer ou mélanger des substances.

9. Technologie. Morceau de bois pour aplanir les cuirs, ou sur lequel on les fait égoutter.

/ Outil de l'artificier, du chandelier.

/ Lingot d'or ou d'argent réduit à une certaine grosseur par la filière.

10. Terme de marine. Mâtereau placé en arrière des bas mâts.

11. Terme de chasse. Sorte de bâton dont le fauconnier se servait pour faire partir la perdrix des buissons et tenir les chiens en crainte.

12. Nom des grandes tulipes de Flandre, qui leur vient de leur force et de leur hauteur.

13. Arbalète à baguette (voy. arbalète).

H. XVIe s. Elles commandent à baguette, et regentent les regents et l'eschole, Mont. III, 281. Vous commanderez comme il vous plaira et à la baguette si vous voulez ; mais icy... Carl. III, 10. Un tas de gens glorieux, resolus, affirmatifs, qui veulent regenter le monde et le mener à la baguette, Charron, Sagesse, II, 2.

bagueur

/ ba-gheur /

s. m.

Instrument propre à baguer.

baguier

/ ba-ghié /

s. m.

Petit coffre pour serrer les bagues. Gens tout nourris de flatteries Sont un bijou qui n'entre pas Dans son baguier de pierreries, Volt. Ep. LVII.

bah

/ bâ / interj. famil. Qui exprime un étonnement mêlé de doute, ou un sentiment d'insouciance, etc.

bahut

/ ba-u ; le t ne se lie pas, du moins dans la conversation /

s. m.

1. Grand coffre garni de cuir, et dont le couvercle est légèrement bombé. Un bahut sculpté.

/ Huche. La vieille fouille au bahut [prend le pain], La Font. Faucon.

/ Meuble ancien en forme d'armoire.

2. La dernière assise d'un mur de parapet de pont ou de quai qui est taillé en bahut, c'est-à-dire bombé.

3. Dans un jardin, bombement d'une allée ou d'une plate-bande.

4. Dans l'argot des écoles, pensionnat, logement.

H. XIIIe s. Et uns vieus baüs Ocist quatre dus [ducs], Son corps defendant, Fatrasies. édit. Jubinal, II, 216.

/ XVe s. Premierement il [Hue le Dépensier] fut trainé sur un bahut à trompes et à trompettes par toute la ville de Herford, Froiss. I, I, 24.

/ XVIe s. La peau est envoiée au coroieur, pour, accoustrée, servir à faire des grands cribles pour nettoier les bleds, ou à couvrir des coffres à bahu, O. de Serres, 836.

bahutier

/ ba-u-tié /

s. m.

Ouvrier qui fait des bahuts, des coffres, des malles.

/ Locution proverbiale. Faire comme les bahutiers, faire plus de bruit que de besogne.

R. Le proverbe relatif aux bahutiers qui font plus de bruit que de besogne, a probablement donné origine au verbe populaire bahuter, faire tapage.

bahutte

/ ba-u-t' /

s. m.

Nom italien, inusité en français, du domino vêtement. J'ai un peu dérangé ma philosophie pour me mettre comme les autres [à Venise] ; de sorte que je cours la place et les spectacles en masque et en bahutte, tout aussi fièrement que si j'avais passé toute ma vie dans cet équipage, J. J. Rousseau. Lett. à Mme de Montaigu, 23 nov. 1743.

bai, baie

/ bè, bê /

adj.

D'un rouge brun, en parlant des chevaux. Je fis trois charges sur mon excellent courtaut bai brun, St-Sim. 12, 139.

/ Variétés : bai fauve, bai clair, bai cerise, bai foncé, bai châtain, bai marron, bai brun. Quand on nomme ces variétés, on les emploie, par ellipse, en adjectif invariable : des chevaux bai clair, bai foncé. On emploie aussi le nom de ces variétés, comme substantif masculin : le bai clair.

H. XIIe s. Li quens Ernaus broiche le destrier bai, Raoul de Camb. 124.

/ XIIIe s. [Ils] Orent Berte montée sur un palefroy bai, Berte, VII.

/ XVIe s. Les uns la figurent [la licorne] noire, les autres de bay obscur, Paré, Licorne, 2.

baïanisme

/ ba-ia-ni-sm' /

s. m.

Voy. plus loin bayanisme, J. B. Duchesne : Histoire du baïanisme ou de l'hérésie de Michel Baïus, avec notes et pièces justificatives, Douai, 1721, in-4o.

baie

/ bê /

s. f.

Petit golfe dont l'entrée est resserrée.

2. baie

/ bê /

s. f.

1. Terme de maçonnerie. Ouverture qu'on pratique dans un mur ou dans un assemblage de charpente pour faire une porte, une fenêtre.

2. Espace qui reste à paver dans une chaussée.

H. XIIe s. Et par l'uis dont cuida clore cele baée Est la veie desclose, et l'ire Deu mustrée, Th; le mart. 153.

3. baie

/ bê /

s. f.

Tromperie, mystification. La muse Qui me repaît de baie en ses fous passe-temps, Régnier, Sat. XV. Mon esprit... Qui dans ses caprices s'egaie Et souvent se donne la baie, id. Ep. III. J'ai donné cette baie à bien d'autres qu'à vous, Corn. le Ment. III, 5. On leur fait admirer les baies qu'on leur donne, id. ib. I, 6. Le sort a bien donné la baie à mon espoir, Mol. l'Etour. II, 13.

H. XIIIe s. Dame, gardez vous de la bée [attente inutile], Qui en maint lieu par la contrée S'arest et fait la gent muser, Lai du conseil. Par tel bée, par tel desir [elle] Passe tant vespre et tant matin, Que sa biauté va à declin, ib.

/ XVe s. Messeigneurs, pardonnez-moi que je vous ai fait payer la baie [mystification], Louis XI, Nouv. LXXXI.

/ XVIe s. Ils font contenance d'avoir la teste pleine de plusieurs belles choses ; mais à faulte d'eloquence ne les pouvoir mettre en evidence, c'est une baye, Mont. I, 188. Il tint ce dernier avis encores pour une baie, d'Aub. Hist. II, 61.

4. baie

/ bê /

s. f.

Terme de botanique. Fruit charnu dépourvu de noyau, et dont les graines sont placées au milieu de la pulpe : tels sont les raisins, les groseilles. On donne aussi par extension le nom de baies à des fruits dont les graines sont contenues dans des loges, tels que ceux des morelles, de la belladone, etc. On eût dit que ses joues [de Clodion] étaient peintes du vermillon de ces baies d'églantiers qui brillent au milieu des neiges, Chateaub. Mart. 202.

/ Dimanche des baies, un des noms donnés au dimanche des Rameaux, parce qu'on y apporte souvent des branches de laurier, garnies de leurs baies.

H. XIIIe s. Et se il y metoit [dans la bierre] autre chose pour efforcier, c'est à savoir baye, piment et pois resines, il l'amenderoit au roi de vint sous de Paris, Livr. des mét. 30.

/ XVIe s. Bague [pour baie de lierre], Rab. Pant. V, 34. Un emplastre de baies de laurier, Paré, VI, 23. Bayes de lierre, id. XV, 59.

baïfin

/ ba-i-fin /

adj.

masc. On appelle vers baïfins et plus souvent vers métriques, des vers français qu'on essaya de faire, au XVIe siècle, sur la mesure des vers grecs ou latins.

baignade

/ bè-gna-d' /

s. f.

Action de prendre des bains en rivière ou en mer. La préfecture de police vient de faire afficher dans le département dela Seine une ordonnance concerant les baignades en pleine rivière, Journ. offic. 2 juin 1876, p. 3787, 2e col.

baignage

/ bè-gna-j' /

s. m.

Nom donné, dans le Calvados, à l'irrigation des prés, les Primes d'honneur, Paris, 1870, p. 15.

baignant

/ bé-gnan /

s. m.

Se dit, dans les lieux où l'on prend les bains de mer, de celui qui prend les bains, quand on veut le distinguer de celui qui les fait prendre. Le baignant et le baigneur.

baignante

/ bè-gnan-t' /

adj.

f. Prairies baignantes, nom, dans le Calvados, des prairies arrosées, les Primes d'honneur, Paris, 1870, p. 15.

baigné, ée

/ bè-gné, gnée /

part. passé.

1. Qui a pris un bain. Rasé et baigné.

2. Mouillé. Tout baigné de sueur. Ses beaux yeux étaient baignés de larmes, Fén. Corn. Cid, III, 1. Ses yeux baignés de pleurs demandaient à vous voir, Rac. Bér. V, 7. Ces bras que dans le sang vous avez vus baignés, id. Iphig. II, 5. Une femme éperdue et de larmes baignée, Volt. Orph. II, 7. Tous les yeux étaient baignés de larmes, Sév. 206. Elle paraît baignée dans l'excès de la joie, id. 437.

3. Arrosé par une rivière. Les plaines baignées par l'Euphrate.

baigner

/ bè-gné /

v. a.

1. Faire mettre dans l'eau, mettre dans le bain. Baigner des troupeaux dans le ruisseau. Baigner quelqu'un dans de l'eau tiède.

2. Mouiller, inonder. Baigner son visage de larmes. Vous baignant de ses larmes paternelles, Mass. Exempl. Elle prend ses enfants et les baigne de pleurs, Rac. Phéd. V, 5.

/ Fig. Un si touchant regard baigne votre prunelle, V. Hugo, F. d'automne, 24.

3. Couler dans, auprès ou autour, en parlant d'une rivière. Le Nil baigne l'Ethiopie. Le fleuve qui baigne ces parages. La mer qui baigne la Bretagne. J'ai, malgré leurs efforts, soumis à votre règne Ce que le Tibre lave et que le Gange baigne, Rotr. Bélis. I, 6. Un captif qui voit chaque jour Voguer la plus elle des filles Sur les flots qui baignent la tour, Bérang. Prisonn.

4.

V. n.

Etre plongé dans. Cet arbre baigne dans l'étang. Des olives baignent dans la saumure.

/ Fig. Il se dit de la lune quand elle est entourée d'un cercle et que son contour est mal terminé. La couleur pâle de la lune, les cercles concentriques plus ou moins obscurs dont elle est entourée, ses cornes mal terminées, l'auréole lumineuse qui s'étend autour d'elle et qui fait dire que la lune baigne, sont autant de signes de pluie ; les étoiles présentent des signes pareils : leur lumière perd de sa vivacité et elles baignent aux approches de la pluie, Journ. offic. 20 sept. 1873, p. 5976, 1re colonne.

5. Se baigner, v. réfl. Se mettre dans la confiance, Sév. 453. Le crédit de Chamillard s'augmentait tous les jours par l'orgueilleux plaisir dans lequel le roi se baignait de former son ministre, St-Sim. 96, 12.

/ Se baigner dans le sang, se plaire à en répandre. Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné, Corn. Cinna, IV, 2. Qu'un jeune audacieux se baigne dans leur sang, id. Cid, II, 9. Que... malgré la pitié dont je me sens saisir, Dans le sang d'un enfant je me baigne à loisir, Rac. Androm. I, 2. Dans l'infidèle sang baignez-vous sans horreur, id. Ath. II, 2. Une impie étrangère Se baigne impunément dans le sang de nos rois, id. Ath. I, 1. Vengez-vous, baignez-vous au sang du criminel, Volt. Mér. IV, 2. Dans le sang innocent ta main va se baigner, id. Alz. V, 5.

R.

1. Lorsqu'il s'agit de l'action d'une personne qui prend un bain, le verbe baigner doit toujours être réfléchi ; ainsi on dira : ils sont allés se baigner ensemble ; et non : ils sont allés baigner ensemble. Il ne devient neutre que lorsqu'il exprime qu'un objet trempe dans un liquide.

2. On dit : ils le trouvèrent baigné dans son sang. Mais peut-on dire : ils le trouvèrent baignant dans son sang ? Des grammairiens ont condamné cette locution, mais évidemment elle est légitime ; et baignant dans son sang est acceptable au même titre que nageant dans son sang.

H. XIIe s. Je vous plevis qu'en lor sanc iert [mon épée sera] bagnie, Ronc. p. 43. Dedens le cors son espié [il] a baingnié, ib. p. 89. Et les malades reposer et beignier, ib. p. 159. Et la grant court de France, au dous renom Où toute valeur se baigne, Hues de La Ferté, Romancero, p. 182. Iluec curreit une ewe... Là se baignout les seirs pour sa char refreidier, Th. le Mart. 94.

/ XIIIe s. Et li homme estoient si baignié [mouillé], que tout estoient tout ensi comme mort que de le [la] gielée que du froit, H. de Valenc. XXVIII. Seiner [saigner] se fet cuntre aun mal ; Al terz jur dist k'il baignereit [se baignerait], Marie, Equitan. Que baignier se doivent ensemble, la Rose, 14580. L'on ne puet trere en plet cels qui ovrent en vigne, ne qui se beignent, ne qui sont en moutiers, Liv. de just. 84, Baron, dist-il à eus, ne soiés esmaié ; Moult furent, en vos terres, li plusor aaisié, Vestu et conreé, remué et baignié, Ch. d'Ant. VIII, 415. Et quant Tangrés le voit, à poi qu'il ne forsaigne, L'espée a traite nue, o grant ire se baigne, Ch. d'Ant. III, 135. S'on les trueve noiés où il fust accoustumé d'aler, si comme por baignier, ou por avoir de l'yaue, ou por pesquier [pêcher], Beaum. LXIX, 13. Chanoine, clerc, et roi, et conte Sont trop aver [avares] ; N'ont cure des ames sauver, Mès les cors baignier et laver Et bien norrir, Ruteb. II, 1. Mal furent tiex avoirs acquis et gaaigné, Dont li filz et li pere sunt en enfer baigné, J. de Meung, Test. 342.

/ XIVe s. A la premiere riviere qu'il verroit d'en haut, [l'esprevier] s'en yroit baignier, Ménagier, III, 2.

/ XVe s. Elle fut percée et baignée [par la pluie] jusques à la peau, Louis XI, Nouv. XL.

/ XVIe s. Nous contentans de nostre justice, sagesse et vertu, nous sommes bien aises et nous bagnons à nous flatter, jusques à nous priser comme demi-dieux, Calv. Inst. 2. Que ces contreroleurs se monstrent un peu, et puis qu'ils se bagnent à rejecter des cœurs humains toute reverence de l'Escriture, id. ib. 44. Que nous n'affections point une grace de brocarder et mordre en riant les uns et les autres, comme font aucuns, qui se bagnent [délectent] quand ils peuvent faire vergongne à quelcun, id. ib. 309. J'en laisserai du tout faire à l'Espaigne, De qui la main en nostre sang se baigne, Marot, I, 328. Tout estoit mer ; et la mer qui tout baigne, N'a aucuns borts... id. IV, 27. Il se baigne et delecte à tourmenter toutes sortes de gens, Carloix, IV, 10. Le sang de ceulx qui furent occis sur la grande place seulement, baigna tout le quartier, Amyot, Sylla, 31. Le malade sera purgé, baigné, saigné, Paré, XI, 14. L'on doit appliquer estoupades baignées en oxycrat, id. XIV, 6.

baigneur, euse

/ bè-gneur, gneû-z' /

s. m.et f.

1. Celui, celle qui tient des bains publics.

/ Valet, servante de bains.

/ Sur les côtes, celui, celle qui fait prendre des bains de mer.

2. Au XVIIe s. Celui qui tenait une maison de bain et de plaisir pour les hommes de bon ton. La Vienne, baigneur à Paris, fort à la mode, était devenu le sien [du roi] du temps de ses amours, St-Sim. 30, 96.

3. Celui, celle qui se baigne. On rencontre partout des baigneurs sur cette rive.

4. Baigneuse,

s. f.

Ancienne coiffure de femme.

/ Vêtement poUr le bain.

5. Baigneur, nom donné, dans le Calvados, à ceux qui opèrent l'irrigation des prés, les Primes d'honneur, Paris, 1870, p. 15.

R. Au XVIIe s. et même plus tard, les baigneurs étaient en même temps logeurs. J'avais logé au faubourg Saint-Germain chez un baigneur avec l'évêque de Limoges, Tilly (né en 1764), Mém. t. I, p. 201.

baignoir

/ bè-gnoir /

s. m.

Lieu où l'on se baigne, établissement de bains. On doit établir un baignoir dans le lac de Nantua, à l'usage de la population de cette ville, Courrier de l'Ain, juin 1875.

R. Il n'est pas probable que ce néologisme, qui pourtant ne serait pas inutile, s'établisse, soit à cause de l'homophonie avec baignoire, soit parce que bains s'emploie déjà en un sens voisin.

baignoire

/ bê-gnoi-r' /

s. f.

1. Vaisseau pour prendre des bains.

2. Dans un théâtre, loge au niveau du parterre.

3. Poêle dans laquelle les hongroyeurs font chauffer l'eau d'alun et le suif.

H. XIVe s. Qui veult saler la venoison en esté, la convient saler en cuvier ou baignoire, Ménagier, II, 5.

/ XVe s. Chaudiere, baingnoire et cuviaux, E. Deschamps, Ménage des nouveaux mariés.

/ XVIe s. Et quand il veit, entrant dedans l'estuve, les bassins, banoueres, les buyes, les phioles et bouettes [boîtes] aux parfums... Amyot, Alex, 37.

bail

/ baill, ll mouillées /

s. m.

1. Terme de jurisprudence. Contrat par lequel on cède la jouissance d'une chose pour un prix et pour un temps. Il vint lui signifier de rompre le bail, Sév. 209. De jour en jour leur ligue avare Augmenterait le prix des baux, Bérang. Math. Brun.

/ L'acte même. Nous n'avons pas encore signé le bail.

/ Fig. C'est comme si je renouvelais un bail de vie, Sév. 280. J'assurai Chamillart qu'il serait bien reçu [du roi], quand bien même il embarrasserait le roi ; et que, de cette époque, ce serait un nouveau bail passé avec lui, St-Sim. 199, 150.

2. Ancien terme de droit en Bretagne. Bail à convenant, bail en premier détachement, dit aussi acconvenancement, bail fait pour un temps convenu, au bout duquel le propriétaire foncier pouvait déposséder le tenancier, moyennant remboursement de ses dépenses à dire d'experts. Méheust, dans Mémoires de la Société centrale d'agriculture, 1873, p. 300.

/

Au plur.

Des baux.

H. XIIIe s. Mariage tost il [ôte-t-il] bail N Nenil en home, et en feme oïl, Liv. de justice, p. 221 Aussi est-il, s'auscuns a enfans en bail [tutèle] et il aqueroient aucune choze et tans qu'il sont en bail, Beaum. XIV, 30. Bail si est quant aucuns muert et il a enfans qui sont sous-aagié et qui ne poent ne ne doivent venir à l'hommage du segneur, ib. XV, 2.

/ XVe s. A treize ans en royauté, En bail [tutelle] de ton parenté, E. Desch. Lay du roy. Ceux du conseil veoient et entendoient que le duc Aubert n'estoit que bail [tuteur] de Hainaut, car encore vivoit le duc Guillaume de Hainaut, son frere... et si il le survivoit, et estoit tout clair que ses autres freres auroient par droit le bail et le gouvernement de Hainaut, Froiss. II, II, 222.

/ XVIe s. Bail, garde, mainbourg, gouverneur, letitime administrateur et regentant, sont quasi tout un : combien que jadis, et encore en aucun lieux, garde se dit en ligne directe, et bail en collaterale, Loysel, 176. Le mari est bail de sa femme, id., 178. Il n'accepte garde ni bail qui ne veut, id. 179. En baux à rente rachetable, sont dus lods et ventes le jour du contrat, id. 536. Après les bails [tutelles] finis, les majeurs et les femmes veuves y entrent comme de fief servi et sans payer aucun relief, id. 583.

baile

/ bê-l' /

s. m.

Titre qu'on donnait autrefois à l'ambassadeur de Venise auprès de la Porte. Le baile de Venise s'est longtemps défendu dans sa maison, Volt. Lett. à Cath. 52.

H. XIIIe s. Henri le baiz de l'empire, Villehard. p. 161, dans Raynouard.

baîllant, ante

/ bâ-llan, llan-t', ll mouillées et non bâ-yan /

adj.

Qui bâille, qui s'entr'ouvre.

/ Terme de botanique. Péricarpe bâillant, péricarpe qui, au moment de la maturité, se rompt et s'entr'ouvre.

/

S. m. plur. Terme de zoologie. Passereaux dont le bec est largement fendu.

baillard

/ ba-llar /

s. m.

et baillarge

/ ba-llar-j', ll mouillées /

s. f.

Terme d'agriculture. Variété très productive de l'orge vulgaire, et dont on fait, principalement dans le midi de la France, un pain fort grossier.

2. Baillard

/ ba-llar, ll mouillées /

s. m.

Terme de teinturier. Chevalet sur lequel on fait égoutter les soies et les laines.

baille

/ ba-ll', ll mouillées /

s. f.

Terme de marine. Baquet qui sert à divers usages sur les vaisseaux.

2. baille

/ ba-ll', ll mouillées /

s. f.

Nom donné, dans le nord de la France, aux perches dont on entoure les pâturages.

3. baille

/ ba-ll', ll mouillées /

s. m.

Nom qu'on donne dans la Provence au chef des bergers qui conduisent leurs troupeaux sur les montagnes ; c'est une autre forme de bayle (voy. ce mot). Je suis Lombard le baille des troupeaux transhumants qui sont là-haut sur les montagnes pastorales, E. Berthet, la Directrice des postes, ch. XX.

baillé, ée

/ ba-llé, llée, ll mouillées /

part. passé.

Donné. On parle de l'enfer et des maux éternels Baillés pour châtiment à ces grands criminels, Math. V, 1.

/ Vieux.

baille-blé

/ ba-lle-blé, ll mouillées /

s. m.

Petit cylindre en fonte, placé au collet de la trémie dans un moulin, dit aussi babillard.

baillée

/ ba-llée, ll mouillées /

s. f.

Ancien terme de droit en Bretagne. Baillée d'assurance, renouvellement du bail à convenant (voy. bail), Méheust, dans Mém. de la Soc. centrale d'agric. 1873, p. 300.

baillement

/ bâ-lle-man, ll mouillées, et non ba-ye-man ; il faut avoir bien soin de donner à l'a le son marqué par l'accent circonflexe /

s. m.

1. Inspiration grande, forte et longue, indépendante de la volonté, avec écartement plus ou moins considérable des mâchoires, et suivie d'une expiration prolongée.

2. En grammaire, rencontre de deux voyelles, l'une à la fin d'un mot, l'autre au commencement du mot suivant. Nous disons plus souvent hiatus.

3. Maladie particulière des faucons.

H. XVIe s. Un ris, un baillement, comme quand on a envie de dormir, est reprehensible Amyot, Comm. il faut ouïr, etc. 21.

bâiller

/ bâ-llé, ll mouillées, et non bâ-yé ; il faut avoir bien soin de donner à l'a le son marqué par l'accent circonflexe /

v. n.

1. Faire un bâillement. Nous bâillons en voyant bâiller les autres. Quelque léger dégoût vient-il le travailler, Une faible vapeur le fait-elle bâiller... Boil. Sat. X.

2. S'ennuyer. On bâillait à cette comédie. Quand vous bâillez à quelque trait D'un certain livre fort abstrait, Votre mie aussitôt vous gronde, St-Lambert, à Mlle... Fi des salons où l'ennui qui se berce Bâille entouré d'un luxe éblouissant, Bérang. Fille du peuple.

3. S'entr'ouvrir, être mal joint. Une [huître] s'était ouverte, et, bâillant au soleil, Par un doux zéphyr réjouie... La Font. Fab. IX, 8.

/ Cette étoffe, cette dentelle bâille, elle n'est pas assez tendue.

/ Activement, Bâiller sa vie, la passer en bâillant. Appauvri d'âme et de sang, le fils [de Henri IV] traîna, bâilla sa vie ; et le plus grand service qu'il ait rendu à la France est d'avoir maintenu Richelieu au pouvoir, Henri Blaze de Bury, Rev. des Deux-Mondes, 15 août 1876, p; 947.

R. Bâiller a été dit pour soupirer après, désirer ardemment ; mais c'est une faute et une confusion avec bayer (voy. ce mot).

H. XIIe s. Puis s'en levad, et par cele chambre sus et jus alad, et sur l'enfant tant se culchat, que les oilz uverid et seit feiz baeilad, Rois, 359.

/ XIIIe s. Mais Renart, qui de fain baaille, N'a cure de fere bataille, Ren. 2147. Acroupiz s'est sor une couche ; De baaillier li delt [fait mal] la bouche, ib. 956. Nuns ne me tent, nuns ne me baille ; Je touz de froid, de fain baaille ; Dont je suis morz et maubailliz, Ruteb. III.

bailler

/ ba-llé, ll mouillées, et non ba-yé ; il faut bien prendre garde à ne pas assimiler ce mot à bâiller qui a un a long /

v. a.

1. Donner. Bailler des coups. Un échange Où se prend et se baille un ange pour un ange, Math. VI, 6. Telle je me résous de vous bailler en garde Aux fastes éternels de la postérité, id. IV, 4. Qui baillent pour raisons des chansons et des bourdes, Régnier, Sat. X ... Et baillant à chaque être et corps et mouvements, id. Poëm. sacré. Que l'autre... Même, s'il est besoin, baille son héritage, id. Sat. XIV. Ils ne les pourraient quitter sans bailler au monde sujet de parler, Pasc. Prov. 10. Comme vous baillez des soufflets, Mol. Amph. I, 2. Je m'en vais te bailler une comparaison, id. Ec. des f. II, 3. Je te baillerai sur le nez si tu ris, id. Bourg. gent. III, 2. Je veux vous bailler ici quelque petite signifiance de ce que j'ai remarqué de la littérature actuelle, P. L. Cour. Lett. 39.

/ Il vieillit en ce sens.

/ Dans le langage de l'ancienne chevalerie, bailler sa foi était synonyme de tous les prodiges de l'honneur, Chateaub. Génie, I, II, 2.

2. En termes de pratique, donner, mettre en main. Bailler à ferme, bailler par contrat. Un sergent baillera de faux exploits, sur quoi vous serez condamné sans que vous le sachiez, Mol. Scapin, II, 8.

3. Familièrement. En bailler d'une belle ; la bailler bonne, belle ; c'est-à-dire chercher à en faire accroire. Vous me la baillez bonne, Mol. l'Etour. III, 4.

/ Bailler le lièvre par l'oreille, faire de belles promesses. Napoléon ne nous baillait pas le lièvre par l'oreille, jamais ne nous leurra de la liberté de la presse, P. L. Cour. II, 224.

4. Terme de marine. Jeter de la rogue des maquereaux sur les filets traînés par des bateaux, pour prendre des sardines.

H. XIe s. Il nen est dreiz que Paien te [Durandal l'épée] baillissent [portent], Ch. de Rol. CLXX. Charles lui dist : Cuivert, mar le baillastes [vous l'avez maltraité], ib. CCLI. Baliganz sire, mal estes hui baillit, ib. CCLV.

/ XIIe s. [Ils] Ne sorentla corone cui [à qui] donner ne baillier, Sax. IV. Puis li bailliez la chartre où li seax d'or pend, ib. XXI. L'arcevesque Thomas tut avant s'en ala ; La cruiz arceveskal il meïsmes porta ; A nul ne l'ad baillie, Th. le mart. 39. Li autre l'on laissié tut sul enmi l'estur, Et le corn ont baillié en main à pecheür, Ne l'espée Deu traire n'en osent pas poür [peur], ib. 28. Trestote Espaigne vous tenrez à bailler [gouverner], Ronc. p. 3. Or me bailliez le gant, ib. p. 12. Mais ne plut [à] Deu, qui tout a à baillir, ib. p. 55. Qui tant fut preuz pour ses armes baillier, ib. p. 99. Escu [ils] lui baillent où ot peint un lion, ib. p. 182.

/ XIIIe s. Et il dus li bailla de vaisseaus et de galies tant comme il li en convint, Villeh. LVI. Et de ce leur baillerent il bonnes chartes pendans, por confermier tout pleinement tex convenances comme il feroient, id. X. A sa mere [elle] le [l'anneau] baille, mout pleure et mout s'esmaie, Berte, VIII. Mantiau de fin drap d'or [il] fait à chascun bailler, ib. CXXIX. N'il n'i a point d'amor sans faille En fame qui por don se baille, la Rose, 8318. Li bers a trait l'espée dont li ne le pot baillier [tenir, atteindre] ; Car plus va ses chevaus que ne voie espervier, Ch. d'Ant. V, 602. Voirs est que li demanderes qui se veut aidier des letres, ne les baurru [baillera] pas, s'il ne li plest, au deffendeur, Beaum. VII, 24. Et aussi se partie me requiert que je li baille conseil, ib. V, 19. S'aucuns me prie que je rechoive vingt livres por li d'aucun qui li doit, ou il me baut vingt livres à garder, ib. XXIX, 17. Et s'il est si povres, qu'il ne puist baillier nans [nantissements], id. LI, 7. Le roy commanda à monseigneur Jehan de Biaumont, que il feist bailler une galie [galère] à monseigneur Erart de Brienne et à moy, Joinv. 214. Se li rois vous avoit baillé la Rochelle à garder qui est en la marche... ib. 197.

/ XIVe s. Et les sciences [étaient] communement baillées en grec, et en ce pays le langaige commun et naturel c'estoit latin, Oresme, Prolog. Une science qui est forte quant est de soy, ne peult pas estre baillée en termes legiers à entendre, id. ib.

/ XVe s. Avisez-vous, seigneurs cardinaux, et nous baillez un pape romain, qui nous demeure, Froiss. II, II, 21. Et autres villes baillées par le roy Charles septiesme au duc... Comm. I, 1. Les villes leur bailloient ce qu'ils vouloient poru leur argent, id. I, 2.

/ XVIe s. Je luy baillyz si vert dronos [un coup si sec] sus les doigts, à tout mon javelot, que il n'y retourna pas deux foiz, Rab. Pant. II, 14. Bailler une grande somme d'argent au change, Mont. I, 44. Plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus on leur baille, plus on les sert, id. IV, 351. Tu en bailles bien à nos resveurs de philosophes, Despér. Cymbal. 92. Il lui bailla sa coquille : Aristide escrivit luy-mesme son nom dessus la coquille, et la luy rebailla, Amyot, Arist. 20.

bailleresse

/ ba-lle-rè-s', ll mouillées, et non ba-ye-rè-s' /

s. f.

Voy. bailleur.

baillet

/ ba-llè /

adj.

m. Se dit d'un cheval qui a le poil roux tirant sur le blanc.

/ Inusité aujourd'hui.

H. XIIIe s. Et destriers de pris hennissans, Blans, noirs, bruns, bais, baucens et bailles, G. Guiart, t. II, p. 106, dans Du Cange, Gl. français.

baillette

/ ba-llè-t', ll mouillées /

s. f.

1. Terre donnée par un noble à un serf, à un vilain. Ces baillettes, qui furent d'abord données aux meilleurs habitants des villes, s'étendirent aux meilleurs de la campagne, St-Sim. 371, 165.

2. La transaction elle-même qui donnait la baillette... dans diverses baillettes ou transactions plus anciennes,... et même en remontant à la baillette du 10 octobre 1468, qui est l'acte primordial et originaire dont se prévalent les usagers... Enquêtes sur les incendies des forêts, p. 207, Dépos. Flinoy, directeur du Phénix, à Bordeaux, 1873.

H. XIVe s. Si mandasme faire assavoir la dite baillette ou accense, si comme il appert par teneur de mandement, Du Cange, bailleta.

bailleul

/ ba-lleul, ll mouillées, et non ba-yeul /

s. m.

Celui qui remet les os luxés ou fracturés.

/ Vieux. On dit rebouteur.

R. On a dit bailleur par confusion ; c'est une faute. J'avais pris la résolution de m'abandonner entre les mains de M. de Cuvilliers, qui était bailleur du roi, Mme de La Guette, Mémoires, éd. Jannet, 1856, p. 189. Je craignais le bailleur comme la mort, p. 188.

H. XIIIe s. Porce qu'il [le chevalier] ne se reconnu A son homme n'à son bailliu, Si [l'amour] li fist en tans et en lieu Sentir son pooir et force, Lai de l'ombre.

/ XVe s. Baillieu, j'obéirai volontiers ; car c'est raison, Froiss. II, III, 36.

bâilleur, euse

/ bâ-lleur, lleû-z', ll mouillées, et non bâ-yeur /

s. m.

et f. Celui, celle qui bâille, qui est sujet à bâiller souvent.

bailleur, eresse

/ ba-lleur, lle-rè-s', ll mouillées, et non ba-yeur ; il ne faut pas confondre l'a de bailleur avec l'â de bâilleur, qui est long /

s. m.

et f.

1. Terme de pratique. Celui, celle qui donne à bail.

2. Bailleur de fonds, celui qui fournit de l'argent.

3. Bailleur de bourdes, celui qui a l'habitude de dire, de conter des choses fausses.

/ Cette locution vieillit.

4. Au jeu de paume, celui qui livre l'éteuf, c'est-à-dire qui sert la balle.

5. Bailleur de blé se disait, dans les anciens moulins, de l'auget distributeur.

bailli

/ ba-lli, ll mouillées, et non ba-yi ; l'a est bref /

s. m.

1. Officier royal d'épée qui rendait la justice dans un certain ressort, et avait droit de commander la noblesse quand elle était convoquée pour l'arrière-ban.

2. Officier royal de robe longue qui rendait la justice dans l'étendue d'un certain ressort, et dont les appellations ressortissaient immédiatement au parlement.

3. Officier de robe qui rendait la justice au nom d'un seigneur. M. de Rohan fut prié d'ordonner à ses baillis de former un procès bon ou mauvais à l'avocat général, St-Sim. 21, 245.

4. dans l'ordre de Malte, chevalier dont la dignité était au-dessus de celle de commandeur.

5. En Allemagne et en Suisse, magistrat.

6. Le premier magistrat civil de chacune des deux îles de Jersey et de Guernesey, nommé par la couronne, président de la cour royale et des états. A Guernesey on écrit ordinairement baillif.

/ Lieutenant-bailli ou lieutenant-baillif, suppléant du bailli, nommé par lui, généralement parmi les membres de la cour royale.

H. XIIe s. Li rois qui d'Espaigne ert [était] baillis, Ronc. p. 21. Vous retiendrez la chartre et cist vostre baillif, Sax. XXIV.

/ XIIIe s. Et là où ils trovoient les Frans qui bailli estoient des terres, si les ocioient, Villeh. CXXXVII. Si vos dirons de Henri, le bailli de Costentinoble, id. CLI. Biaus dons soustiennent maint bailli Qui fussent ore mal bailli, la Rose, 8271.

/ XVIe s. Gardiens et baillistres sont tenus faire visiter les lieux dont ils jouissent, afin de les rendre en bon estat, Loysel, 185.

bailliage

/ ba-lla-j', ll mouillées, et non ba-ya-j' ; l'a est bref /

s. m.

1. Tribunal qui rendait la justice au nom ou sous la présidence du bailli.

2. Pays sous la juridiction d'un bailli.

3. La maison dans laquelle le bailli rendait la justice.

4. Dignité de bailli dans l'ordre de Malte.

5. En Suisse et en Allemagne, territoire dont l'administration est confiée à un bailli.

H. XIIIe s. Se fié escheit à enfant merme [très-petit] d'aage, et le seignor ou autre teigne son baillage, Ass. de Jér. I, 254. Ce est assavoir des choses qui sont soues [siennes] ou deivent estre de par sa feme por la raison dou mariage, ou de ses enfans par baillage, ib. 47.

/ XVIe s. Entre enfans, il n'y a qu'un droit d'aisnesse... toutefois, s'il y a diverses successions, coutumes ou bailliages, il prendra droit d'aisnesse en chacune d'icelles, Loysel, 631. Ceux qui sont demeurans en divers bailliages royaulx sont tenus pour absens, id.I 717.

bailliager, ère

/ ba-lla-jé, jê-r', ll mouillées /

adj.

Qui appartient à un bailliage. Assemblées bailliagères, assemblées par bailliages.

baillie

/ ba-llie, ll mouillées /

s. m.

Terme de droit féodal. Seigneurie, autorité. Lorsque le tuteur ou celui qui avait la baillie voulait courir les risques de cette procédure, Montesq. Espr. XXVIII, 25.

H. XIe s. [Ils] Vinrent à Charle, qui France ad en baillie, Ch. de Rol. VII.

/ XIIe s. La neire gent [il] avoit en sa baillie, Roncisv. p. 89. Tuit mi penser sont à ma douce amie, Puisque je sai mon cuer en sa baillie, Couci, II.

/ XIIIe s. Bien est France abatardie, Seigneur baron, entendez, Quant femme [la reine Blanche] l'a en baillie, Et tele comme savez, Hues de La Ferté, Romane. p. 188. Que il eüst sa femme o lui en sa baillie, Berte, LX. Li tens qui toute a la baillie Des gens vieillir... la Rose, 387. Donques disons noz que cil qui s'entremet de baillie garder et de jostice faire, doit estre sages, Beaum. 17.

/ XVe s. Quant jeunesse tient gens en seigneurie, Les jeux d'amours sont grandement prisez ; Mais fortune, qui m'a en sa baillie, Les a du tout de mon cueur deboutez, Ch. d'Orl. 117.

/ XVIe s. Les baillies en gardes sont coutumieres [c'est-à-dire déférées par la coutume], Loysel, 183.

baillival, ale

/ ba-lli-val, va-l', ll mouillées /

adj.

Qui a rapport au bailli. Le secrétaire baillival d'Yverdun, J. J. Rouss. Lett. au comte de Tonnerre, 18 sept. 1768. L'assemblée baillivale de Bourg en 1789, Courrier de l'Ain, 5 juillet 1864 (Extraits des anecdotes sur la Bresse de l'astronome Lalande).

baillive

/ ba-lli-v', ll mouillées /

s. f.

La femme du bailli. Madame la baillive et madame l'élue, Mol. Tart. II, 3.

bâillon

/ bâ-llon, ll mouillées, et non bâ-yon /

s. m.

1. Petite barre de bois ou de fer qu'on met entre les dents pour empêcher de parler ou d'appeler. Lorsqu'on mit un bâillon à Lalli et qu'on lui eut coupé la tête pour avoir été malheureux et brutal, Volt. Lettre d'Argental, 23 mai 1769.

/ Fig. Qu'en dirent [de la campagne de Vendôme, en Italie] le prince Eugène et Staremberg? Qu'en dirent les officiers principaux, quand, par son retour, leur bâillon leur tomba de la bouche? St-Sim. 204, 244.

2. Petit panier qu'on adapte au nez d'un animal pour l'empêcher de mordre.

/ Lien avec lequel on réunit les mâchoires d'un chien, pour le même but.

3. Terme de médecine. Instrument qui sert à tenir la bouche ouverte lorsqu'on veut l'explorer.

H. XVIe s. L'Aubespin, inventeur des baillons, à qui on en appliqua un afin que les vers qui multiplioient en sa bouche ne l'estouffassent, ce qui advint, d'Aub. Hist. I, 82.

bâillonné, ée

/ bâ-lio-né, née, ll mouillées, et non bâ-yo-né /

part. passé.

1. Bâillonné par les voleurs, pour qu'il ne donnât pas l'alarme. Les décollés, les bâillonnés, les brûlés, les incarcérés, Volt. Lettr. d'Argental, 6 août 1766.

/ Fig. La presse bâillonnée par des lois rigoureuses.

2. Terme de blason. Il se dit de tout animal qui est représenté avec un bâton entre les dents.

baîllonnement

/ bâ-llo-ne-man, ll mouillées /

s. m.

Action de bâillonner.

/ Fig. Le bâillonnement de la presse.

bâillonner

/ bâ-llo-né, ll mouillées, et non bâ-yo-né /

v. a.

1. Mettre un bâillon.

2. Fig. Oter par des mesures restrictives ou par l'intimidation la liberté d'exprimer sa pensée. Bâillonner la presse.

H. XVIe s. Il mourut, et fut laissé longtemps bâillonné, d'Aub. Hist. I, 82. Pour couper l'uvule, on fera seoir le malade à la clairté, luy commandant ouvrir fort la bouche, et sera bâillonné, Paré, VI 7.

bailloque

/ ba-llo-k', ll mouillées /

s. f.

Terme de commerce. Plume d'autruche dont la teinte est mêlée de blanc et de brun.

baillotte

/ ba-llo-t', ll mouillées /

s. f.

Technologie. Vase de bois, plus souvent appelé baquet.

bain

/ bin /

s. m.

1. Action de plonger le corps dans l'eau ou dans quelque autre liquide ; le liquide même dans lequel on se plonge. Prendre un bain ; un bain froid ; un bain de mer. [Elle] Le plonge en un bain d'eaux et d'herbes inconnues, Corn. Médée, I, 1.

/ Bain russe, espèce de bain de vapeur.

/ Familièrement et fig. C'est un bain qui chauffe, se dit d'un nuage qui menace de la pluie, lorsque d'ailleurs la température est élevée et que le soleil brille.

2. Baignoire. Remplir, vider un bain.

/ Fond de bain, le linge dont on garnit la baignoire.

3.

Au plur.

Etablissements de bains. Ces bains sont bien situés.

/ Eaux minérales. Les bains de Cauterets, d'Aix en Savoie.

4. Fig. Une conscience que le bain de la pénitence aura achevé de purifier, Mass. Comm. Le baptême est un bain qui rend à l'âme sa vigueur première, Chateaub. Génie, I, I, 6.

5. En chimie, vase que l'on place sur un fourneau évaporatoire, et qui contient une substance quelconque, dans lequel on plonge le vaisseau où est la matière à évaporer ou à distiller.

/ Bain-marie, se dit quand ce vase contient de l'eau. Chauffer un bouillon au bain-marie.

/

Au plur.

Des bains-marie.

/ En termes d'alchimie, bain-marie, le mercure dans lequel étaient plongés les métaux appelés le roi et la reine.

6. En médecine, bain électrique, état d'un individu placé sur un isoloir, et communiquant, au moyen d'une tige métallique, avec le conducteur principal de la machine électrique, pendant que celle-ci est en action.

7. Terme de teinturier. Cuve préparée pour la teinture.

/ Bain se dit, en général, des liqueurs et des vases dans lesquels on prépare les différents ouvrages.

8. Etat de fusion parfaite d'un métal.

9. Bain de mortier, couche épaisse de mortier sous le pavé d'une cour, etc.

10. En Angleterre, l'ordre du Bain (bath, en anglais), ordre institué par Richard II, et renouvelé après quelque décadence ; l'insigne est un cordon bleu porté de gauche à droite. Le nom de l'ordre vient de l'usage qui était établi de se baigner avant de recevoir les éperons d'or.

11. Terme d'exploitation houillère. Bain d'eau, ou, simplement, bain, réservoir souterrain formé par l'infiltration des eaux dans les vides laissés par l'exploitation de la houille.

H. XIe s. ... vos bains que pur vous Deus i fist [à Aix la Chapelle], Ch. de Rol. X.

/ XIIIe s. Et lors semont li empereres Alexis Morchufle qu'il venist avec lui mengier, et puis si iroient ensemble as bains, Villeh. CXV. Donc soit, dist-il, uns bains chaufés, Puis que d'eschaper est neans, Si me faites seignier leans... la Rose, 6238. Quant ce vint le soir que je fus ou baing, le cuer me failli et me pasmai, Joinv. 253.

/ XIVe s. Je cuis lors, dissoubs et sublime, Sans marteau, tenailles ni lime, Sans charbon, fumier, baing-marie Et sans fourneau de soufflerie, Nat. à l'alchim. 339. Puis dist : Fils à putain, vous l'achaterez chier ; le bain vous chauverai, ce sera pour baignier ; Mais ce sera de sanc que vous ferai saignier, Guescl. 946.

/ XVe s. On feroit des larmes ung baing Qu'ay pleurées de desplaisance, Ch. d'Orl. Rondel 59. Il fit tantost tirer les bains, chauffer les estuves, Louis XI, Nouv. I.

/ XVIe s. S'il y a grande ardeur, cuisson et douleur, on fera asseoir le malade en un demy bain, Paré, XI, 25. Toutes choses qui se doivent cuire au bain marie, id. XXXIV, 22. Il entra dedans le baing, en disant : allons nous en laver et nettoyer la sueur de la bataille dedns le baing de Darius mesme, Amyot, Alex. 37. Adipsum, où il a des baings naturelz d'eaux chaudes, dedans lesquelz il se baigna, id. Sylla, 54. Faites longuement bouillir dans l'eau ou bain de marie, O. de Serres, 829.

baïonnette

/ ba-io-nè-t' /

s. f.

1. Arme pointue qui s'ajoute au bout du fusil et qu'on peut en retirer à volonté. L'usage de la baïonnette au bout du fusil est de son institution [Louis XIV] ; avant lui on s'en servait quelquefois : mais il n'y avait que quelques compagnies qui combattissent avec cette arme ; le premier régiment qui est des baïonnettes et qu'on forma à cet exercice, fut celui des fusiliers, établi en 1671, Volt. Louis XIV, 29. Louis XV nous délivrant du scandale, des sacrements conférés la baïonnette au bout du fusil, Volt. Phil. II, 234.

2. Un soldat d'infanterie. Il y a tant de baïonnettes dans ce régiment.

3. Les baïonnettes, la force militaire. Contre eux [tiers-état], prête à des attentats, Luit la baïonnette insolente, A. Chénier, 247. Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la puissance du peuple, et qu'on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes, Mirabeau, Collection, t. I, p. 258.

H. XVIe s. Ainsi que l'on dit bayonnettes de Bayonne, des Accords, Bigar. Rebus de Picardie.

R. " La baïonnette, selon quelques auteurs, aurait été inventée à Bayonne pendant le siége de cette ville, en 1523, et mise en usage dans l'armée par Martinet, en 1671 ; mais l'emploi en était évidemment antérieur à cette époque, puisqu'on voit, dans une lettre écrite, en 1571, par Hotmann à Jacques Capelle, à Sedan, que cette arme était usitée de son temps ; et qu'en 1640 on en fabriqua à Bayonne. Le mot baïonnette, du reste, ne vient pas de Bayonne, mais bien du mot roman bayoneta, petite gaîne ; dans tous les idiomes de l'Espagne, bayona veut dire gaîne. Le contenant aurait ainsi donné son nom au contenu ", A. de Chasnel, Dict. des armées de terre et de mer, Paris, Armand le Chevalier, 1862, p. 63. Voici le passage de Hotman dont parle M. de Chasnel : Is [M. de Courlay] biennio supra ternis a me litteris petiit, ut illi pugionem inauratum mitterem, quem vos appellatis bayonnette... pugionem, duobus scutatis aureis et semisse confestim emi, Fr. et Joh. Hotomanorum... Epistolæ, 1700, in-4o, p. 51 (Epist. XL Jacobo Capello, 20 avril 1575). Ainsi l'existence de la baïonnette et de son nom est constatée en 1575 ; et Voltaire est déchargé de l'accusation d'anachronisme portée contre lui au sujet des vers où il fait figurer la baïonnette à la bataille d'Ivry en 1590 : Cette arme que jadis, pour dépeupler la terre, Dans Bayonne inventa le démon de la guerre, Henr. VIII. Toutefois les observations de M. de Chasnel ne prouvent pas que l'arme n'ait pas été inventée à Bayonne, et surtout que baïonnette vienne de l'espagnol vaina, gaîne, pronocné il est vrai baina, mais qui n'a pu guère donner un diminutif avec intercalation d'un o.

baïoque

/ ba-io-k' /

s. f.

Petite monnaie des Etats romains, qui vaut un peu plus de cinq centimes, Sa Sainteté, disait Alberoni, refusait quatre baïoques et voyait tranquillement la confiscation de tous les revenus des églises vacantes en Espagne, St-Simon, 499, 22.

bairam ou beiram

/ bè-ram' /

s. m.

Fête solennelle chez les musulmans. Il y a deux bairams : le premier a lieu immédiatement après le jeûne de ramadan et dure trois jours ; le second se célèbre soixante-dix jours plus tard et dure quatre jours.

baisailler

/ bè-za-lié, ll mouillées /

v. n.

Donner des baisers, faire des visites, avec un sens d'ennui, Tantôt M. de Marseille me mènera baisailler, Sév. 157.

baisé, ée

/ bè-zé, zée /

part. passé.

Qui a reçu un baiser. L'enfant baisé par sa mère.

baisemain

/ bè-ze-min /

s. m.

1. Terme de féodalité. Hommage qu'un vassal rendait à son seigneur en lui baisant la main.

2. Cérémonie usitée dans quelques cours et qui consiste à baiser la main du prince.

3.

S. m.

plur. Civilités, compliments. Faites mes baisemains à vos sœurs, Rac. Lettr. à son fils, I. Je vous prie de lui vouloir faire mes baisemains, Balzac, Liv. VIII, lettr. 42. Reprends tes franges, Bontemps ; la peine en passe le plaisir ; mes baisemains au roi, St-Simon, 67, 114.

/ A belles baisemains, loc; adv. Avec une humble reconnaissance, une humble satisfaction. Ici baisemain est féminin.

H. XVIe s. Baize-main, d'Aub. Hist. I, 201. Ignorans nos baisemains et nos inclinations serpentées, Mont. II, 178.

baisement

/ bè-ze-man /

s. m.

Action de baiser les pieds du pape.

baiser

/ bè-zé /

v. a.

1. Appliquer sa bouche sur le visage, la main ou un objet quelconque. Son père le baisa et le congédia. Il portait un reliquaire qu'il baisait avec effusion. Viens baiser cette joue et reconnais la place Où fut jadis l'affront que ton courage efface, Corn. Cid, III, 6. Et baiser une main qui nous perce le cœur, id. Hor. IV, 4. Apprenons... A trahir nos amis, nos ennemis baiser, Régnier, Sat. IV. Chacun baise en tremblant la main qui nous enchaîne, Volt. M. de Cés. II, 2. Il baise avec respect ce vase qu'il me rend, Corn. Pomp. V, 1. Allons à nos martyrs donner la sépulture, Baiser leurs corps sacrés, les mettre en digne lieu, id. Poly. V, 6. Tu le vois tous les jours, devant toi prosterné, Baiser avec respect le pavé de tes temples, Rac. Esth. Prol. Les colonels [russes] ainsi traités [battus de verges] par leurs soldats, furent encore obligés de les remercier, selon l'usage oriental des criminels, qui, après avoir été punis, baisent la main de leurs juges, Volt. Russie, 4.

/ Fig. Hé, se peut-il qu'un roi craint de la terre entière, Devant qui tout fléchit et baise la poussière... Rac. Esth. II, 7. Les rois des nations devant toi prosternés De tes pieds baisent la poussière, id. Athal. III, 7. Il faut pouvoir baiser ses fers et aimer son esclavage, Mass. Bonh. Elle nous fait baiser la main qui nous frappe, id. Dégoûts.

/ Baiser la main, porter sa main par respect près de sa bouche, quand on veut présenter ou recevoir quelque chose, ou quand on veut saluer quelqu'un.

/ Anciennement, baiser dans le sens de rendre ou de recevoir visite, parce qu'on se baisait à chaque visite. Vous avez donc baisé toute la Provence ? Sév. 229.

/ Familièrement. Baiser les mains à quelqu'un, lui faire ses compliments. Sur cela je vous baise très-humblement les mains, Sév. 10. Je baise les mains à monsieur le docteur, Mol. Mar. forcé, 6.

/ Ironiquement. Je vous baise les mains, je ne suis pas de cet avis, je ne ferai pas ce que vous voulez. Répare ce malheur et me sois secourable. - Je vous baise les mains, je n'ai pas le loisir, Mol. l'Etour. II, 7. Je vaux bien que de moi l'on fasse plus de cas, Et je baise les mains à qui ne me veut pas, Mol. F. sav. V, 4.

/ Fig. Vous devriez baiser la trace de ses pas, c'est-à-dire vous devriez à chaque instant lui prouver votre reconnaissance, votre respect.

/ Populairement, à certains jeux, baiser le cul de la vieille, perdre sans prendre un point, sans gagner un coup.

/ Terme de féodalité. Baiser le verrou, la serrure, espèce d'hommage du vassal, le seigneur étant absent.

2. Par extension. Toucher légèrement. Ces flots qui baisent sans murmure Les flancs de ce rocher... V. Hugo, Orient. 14. L'onde qui baise ce rivage, De quoi se plaint-elle à ses bords ? Lamart. Méd. II, 15.

/ Ancien terme de mathématiques. Avoir une osculation ou un contact de second ordre.

3. Fig. Arriver jusqu'à. Ceux du conseil des finances y entrèrent ce jour-là sans en savoir davantage que le public, ni même si l'affaire baiserait ou non le bureau de ce conseil, St-Sim. 284, 113.

4. Se baiser, v. réfl. Il est constant qu'elles se baisent de meilleur cœur devant les hommes, J. J. Rouss. Em. V.

R.

1. Figurément, baiser les mains signifie aussi dire adieu, renoncer. Elle va louerune maison pour cent ans, et baise très-humblement les mains à la pauvre Bretagne, Sév. 236. S'il est ainsi, je vous baise les mains, Muses ; gardez vos faveurs pour quelqu'autre, J. B. Rouss. Liv. I, Epître I.

2. C'est à grand tort que plusieurs écrivains remplacent baiser par embrasser. On lit souvent : il lui embrasse les mains. Ainsi défigurée, la locution devient ridicule.

H. XIe s. Quand l'ot [ouit] Marsile, si l'ad baiset al col, Ch. de Rol. XLIV.

/ XIIe s. Au departir de li [elle] [il] l'a doucement baisie, Sax. VII. Fait dune li arcevesques, cui Deus esteit mult près : Sire, à l'onur de Deu e la vostre vus bes, Th. le Mart. 109. Si vint devant le rei, si aürad à terre, puis si baisad li reis, Rois, 172.

/ XIIIe s. En larmes et en pleurs souvent le baiserai, Berie, VII. La terre mout souvent par humbleté [elle] baisoit, ib. XXVIII. Il deviennent si homme, chascun en foy [il] baisa, ib. CXXXI. Grant joie fait à sa mesnie, Qui devant li est esmaïe, Celui bese et cestui enbrace, Ren. 11851. Et, par behordeïs [combat] de vens, Les undes de mer eslevans, Font les flots as nues baisier, la Rose, 19147. Et tu qui la rose baisas, Par quoi de duel si grant fais as, Que tu ne t'en sez apaisier ? Cuidoies-tu tous jors baisier, Tous jors avoir aide et delice ? ib. 6771. Et ces choses dites, il le doit baisier en fei, et crier quanque il peut : Entrez, Ass. de Jér. I, 30. Et lors vint frere Henri de Ronnay à li, qui avoit passé la rivière, et li besa la main tout armée, Joinv. 228. L'en disoit que la royne Blanche le [le fils d'Elisabeth de Thuringe] besoit ou [au] front par devocion, id. 206.

/ XIVe s. Toutes bouches qui rient à le fois [parfois], te dist-on, Ne voilent [veulent] pas baisier ; bien souvent le voit-on, Baud. de Seb. XIII, 42.

/ XVIe s. Ou elle tient Ascaigne qu'elle embrasse, Et baise en luy de son pere la grace, du Bell. IV, 8, verso, Je sçay le vent Libyen, Je sçay bien Quelz flots ceste coste baisent, id. IV, 35, recto. De là il donne à ces deux cornettes qui venoient de charger les Suisses, et aux Lanskenets qui ne les avoient fait que baizer [aborder], d'Aub. Hist. I, 168. Avant que cette armée eut baisé [gagné] la frontière, id. II, 179. Tout cela exploité si courageusement, que sans la venuë des Anglois ils allaient baiser [atteindre] l'artillerie, id. III, 391. Là sera ajusté et ajencé l'escusson, de telle sorte que l'escorce de la partie superieure baise la ligne traversante [de l'incision de l'arbre], O. de Serres, 668.

2. baiser

/ bè-zé /

s. m.

Action de celui qui baise. Donner, recevoir un baiser. ... de prendre un baiser il forma le dessein, La Font. Fianc. ... Mes premiers baisers s'adresseront à vous, Qu'une si longue absence a séparé de nous, Rotr. Antig. II, 4.

/ Baiser de paix, baiser en signe de réconciliation. Il n'a donné à J.-C. le baiser de paix que pour le trahir, Mass. Rech. 1.

/ Baiser de Judas, baiser perfide. Je ne vous donnerai pas un baiser de traître, Boss. Messe.

/ Baiser Lamourette, réconciliation peu durable, ainsi dit d'un embrassement général qui eut lieu entre les députéz à l'Assemblée nationale, sur un appel chaleureux à la conciliation fait par M. Lamourette, en 1792 ; mais, le moment d'enthousiasme passé, chacun retourna à son parti.

H. XVIe s. Un long baiser, du Bell. IV, 75, recto. Car je baisois volontiers une bouche Qu'à plein baiser des deux levres on touche, id. IV, 75, verso.

baiseur, euse

/ bè-zeur, zeû-z' /

s. m.

et f. Celui, celle qui se plaît à baiser.

baisotté, ée

/ bè-zo-té, tée /

part. passé.

baisotter

/ bè-zo-té /

v. a. Diminutif et fréquentatif de baiser. Familièrement. Elle est toujours à baisotter cet enfant.

/ Se baisotter, v. réfl. Ils ne font que se baisotter.

R. L'Académie met deux t à baisotter, et n'en met qu'un à clignoter, crachoter, etc. C'est une anomalie qu'il faudrait corriger, en ne mettant partout qu'un seul t.

H. XVIe s. Et dès leur tendrette enfance ne prenoient plaisir qu'à jouer ensemble, s'embrasser et baisotter continuellement, Yver, p. 533.

baisse

/ bê-s' /

s. f.

1. Diminution du prix des marchandises. Les sucres, les cafés ont éprouvé de la baisse.

2. Dépréciation des effets publics. Les effets, les actions sont en baisse. Seuls ils font la hausse et la baisse, Ont seuls tous les emprunts ouverts, Bérang. Echelle.

/ Jouer à la baisse, vendre des rentes à condition que, les livrant à terme, on gagnera ou perdra la différence en moins que les fonds peuvent subir entre le jour de la vente et le jour de la livraison.

3. Terrain affaissé.

/ Terme de mer. Le reflux de la marée.

4. A la baisse, à la descente, dans le langage des bateliers, de la Saône et de la Loire, Mantellier, Glossaire, Paris, 1869, p. 10.

baissé, ée

/ bè-sé, sée /

part. passé.

1. Incliné et dirigé en bas. Tenant les yeux baissés vers la terre. L'œil morne maintenant et la tête baissée, Rac. Phèdre, V, 5.

/ Fig. Tête baissée, loc. adv. Hardiment, sans rien considérer ni ménager. L'âme doit se roidir plus elle est menacée, Et contre la fortune aller tête baissée, Corn. Médée, I, 5. Quand quelqu'un nous emploie, on doit tête baissée, Se jeter dans ses intérêts, Mol. Amph. III, 8.

/ Etourdiment, inconsidérément. Donner tête baissée dans un piége. Donnant tête baissée dans les premières agaceries, Hamilt. Gramm. 6.

2. Soumis, qui se courbe. Bloin, Fagon, tout baissé et tout courtisan qu'il était, se demandèrent si on laisserait mourir le roi sans voir son archevêque, St-Sim. 405, 45.

3. Qui n'a plus la même force qu'auparavant. Cet homme baissé dans sa vieillesse. Il a fort bien fait son personnage ; il n'est pas encore baissé, Sév. 582. Vous êtes vieilli : voudriez-vous que je crusse que vous êtes baissé ? La Bruy. 5.

baissement

/ bê-se-man /

s. m.

Action de baisser. Quelque baissement de tête, un soupir mortifié, deux roulements d'yeux, rajustent dans le monde tout ce qu'ils [les hypocrites] peuvent faire, Mol. D. Juan, V, 2.

baisser

/ bè-sé /

v. a.

1. Mettre en bas, mettre plus bas. Baisser un mur. Baissez la jalousie. Elle baissa son voile.

2. Descendre d'un point élevé. Baisser le pavillon d'un vaisseau.

/ Fig. Baisser pavillon devant quelqu'un, lui céder.

3. Incliner, pencher. Baisser la tête.

/ Fig. Saint Augustin baissait la tête sous l'autorité de l'Eglise, Boss. Instr. 1. Il faut se soumettre et baisser la tête, Sév. 576. Il faut baisser la tête et souffrir, id. 563.

4. Diriger en bas ou plus bas. Tu pleures, malheureuse, et tu baisses les yeux, Volt. Zaïre, II, 3. La modestie fait baisser les yeux, Boss. Honn. 3.

/ Fig. Qui ! moi, baisser les yeux devant ces faux prodiges, Volt. Fanat. I, 4.

/ Fig. Baisser l'oreille, paraître confus d'un échec qu'on reçoit.

/ Fig. Baisser la lance devant quelqu'un, lui céder.

5. Terme de manége. Baisser la main à un cheval, le lancer aussi vite qu'il peut aller.

6. Par extension, en parlant de la voix et du son des instruments, mettre plus bas. Baisser un instrument, Baisser la voix, parler moins haut. Baisser le ton, prendre un ton moins élevé ; et figurément, prendre des manières moins arrogantes.

7. Terme d'imprimerie. Baisser la pointure, rectifier le registre lorsqu'il est imparfait.

8. Terme de fauconnerie. Baisser le corps, faire maigrir le gerfaut.

9.

V. n.

Aller en diminuant de hauteur. La rivière a baissé d'un mètre. Le vin baisse dans les tonneaux. Le soleil baisse, s'approche de l'horizon.

/ Substantivement. Averti par le baisser du soleil à l'heure de la retraite, J. J. Rouss. Prom. 5. Vers le baisser du soleil, la sœur d'Outougamiz se retira à l'entrée d'une grotte, Chateaubr. Natch. II, 302. Plusieurs vaisseaux avaient appareillé au baisser du soleil, id. René, 214.

/ Par extension. Le jour baisse, se dit lorsque le soleil s'enfonce sous l'horizon. Mais le jour baisse et l'air s'est épaissi, Ducis, Othello, V, 2. Rien ne manque à ces lieux qu'un cœur pour en jouir, Mais hélas ! l'heure baisse et va s'évanouir ! Lamart. Harm. III, 2. Mon vieil ami, quand pour nous le jour baisse, Souhaitons-nous un gai bonsoir, Bérang. Bonsoir. Puis la raison, lampe qui baisse, N'a plus que des feux tremblotants, id. 50 ans. Baisser, descendre une rivière. Nous primes une cabane, et baissâmes jusqu'à Orléans, Scarr. Roman com. cité dans Jal.

10. Diminuer de valeur, de prix. Cette marchandise baisse. Les actions, les rentes baissent. Le prix de l'or a baissé.

11. Perdre de sa puissance, de son influence. Dès ce moment Carthage commença à baisser. C'est le sort des choses humaines de baisser toujours en s'éloignant de leur source, Mass. Bern.

/ Diminuer, en parlant des forces physiques. Ce malade baisse rapidement, il s'affaiblit très-vite.

/ Diminuer, en parlant des facultés intellectuelles. Son esprit baisse, son cœur s'affaiblit, Boss. Hist. I, 6. Une longue maladie avait fait baisser l'esprit de Dioclétien, id. Hist. I, 10. Je suis bien malade : tout baisse chez moi, hormis mes tendres sentiments pour vous, Volt. Lettr. Damilaville, 5 avr. 1765.

/ Sa vue baisse, elle devient moins bonne, il y voit moins bien.

/ Fig. et familièrement. Ses actions baissent, son influence, son crédit diminuent.

12. Terme de musique. Ne pas tenir exactement le ton. Une corde neuve baisse presque toujours. Ces musiciens ont chanté un trio sans accompagnement et n'ont pas baissé d'un quart de ton. Baisser d'un ton, d'un demi-ton.

/ Fig. Baisser d'un ton, prendre un ton moins élevé. Et bien baissons d'un ton, La Font. Fables, II, 1.

13. Terme de marine. Baisser, se dit du vent quand il passe de l'amont à l'aval.

14. Se baisser, v. réfl. Incliner, pencher le corps plus ou moins bas. Son ombre vers mon lit a paru se baisser, Rac. Athal. II, 5. Ils se baissent aux portes, de peur de se heurter, La Bruy. 2.

/ Familièrement. Il n'y a qu'à se baisser et en prendre, c'est une chose très-facile à gagner, à faire ; ou, par antiphrase, on dirait vraiment qu'il n'y a qu'à se baisser et en prendre, la chose est beaucoup plus difficile que vous ne le supposez. Il semble à vous entendre Que vous n'ayez ici qu'à vous baisser et prendre, Regnard, Ménech. V, 5.

/ Fig. C'est un homme qui ne se hausse ni ne se baisse, il ne s'émeut de rien, il est toujours égal.

15. Se baisser, être baissé. A cette triste nouvelle, sa tête se baissa sur sa poitrine.

R. Baisser,

v. n.

se conjugue avec l'auxiliaire avoir, s'il s'agit d'une action qu'on veut exprimer : la rivière a baissé aujourd'hui ; avec l'auxiliaire être, s'il s'agit d'un état : la rivière est bien baissée.

H. XIe s. [Il] Baisse son chef, si comence à penser, Ch. de Rol. IX. Paien y bassent leur chef et leur menton, ib. CCXXXVII.

/ XIIe s. Li soleuz besse, si prist à anuitier ; Et la vesprée commence à espoissier, Bataille d'Aleschans, 985. Ele le vit, si bessa le menton, Ne put parler, ne lui dist o ne non, Romancero, p. 40.

/ XVe s. Si baissa son espée au roi et lui dit : chevalier, je me rends votre prisonnier, Froiss. I, I, 328. A ces paroles et demandes ne respondit point Philippe d'Artevelle ; mais passoit outre et baissoit la teste, id. II, II, 152.

/ XVIe s. La veuë luy commencea premierment à baisser, et un peu après il la perdit du tout, Amyot, Timol. 49. Les gens de bien et d'honneur baissans les testes en furent fort desplaisans, id. Marius, 52, Sur le soir l'eau commença un petit à s'escouler, et puis se baissa si fort la nuict, que... id. Lucull. 4. Ilz ne jetterent la teste baissée à travers eulx, id. Crassus, 54. Il n'y avoit lieu où un chalan peust monter ne baisser [descendre un cours d'eau] ; monseigneur le Dauphin qui baissoit par eau... Mantellier, Glossaire, Paris, 1869, p. 10.

baissière

/ bè-siê-r' /

s. f.

1. Le reste du vin dans une pièce en perce, quand il approche de la lie.

2. Terme d'agriculture. Enfoncement qui, dans une terre labourée, retient l'eau de la pluie.

H. XVe s. C'est trop encherir la bassiere Du tonneau qui est deffoncé, Coquillart, Droits nouveaux.

/ XVIe s. Et beurent si net que il n'y demoura rien, exceptez quelques meschantes baissieres pour le vinaigre, Rab. Pant. II, 28.

baissoir

/ bê-soir /

s. m.

Réservoir en maçonnerie qui, dans les salines, reçoit l'eau concentrée.

baisure

/ bè-zu-r' /

s. f.

Côté par lequel deux pains se sont touchés dans le four.

baite

/ bè-t' /

s. f.

Nom, en haute Normandie, Seine-Inférieure, de l'amorce pour les hameçons.

baitre

/ bè-tr' /

s. f.

Un des noms du grèbe.

bajoire

/ ba-joi-r' /

s. f.

1. Partie inférieure de chaque côté de la tête du cochon, et qui s'étend du dessous de l'œil à la mâchoire.

2. Eminences qui se trouvent à la machine servant à apprêter le plomb pour garnir les vitres.

bajoyer

/ ba-joi-ié /

s. m.

Paroi en maçonnerie, qui revêt la chambre d'une écluse. Le bajoyer est large.

bakchich

/ ba-kchich /

s. m.

Cadeau, pourboire, en Turquie, en Egypte, en Perse. Nous prenons nos billets, et nous sommes poursuivis dans la gare par un employé arabe qui nous demande un bakchich pour nous avoir passé nos billets, Guill. Lejean, d'Alexandrie à Souakia, dans le Tour du Monde, 2e sem. de 1860, p. 98.

/ On le trouve écrit aussi bachich. Des Arabes demi-nus nous déposent sains et secs sur le quai moyennant un léger bachich, Spiell, Voy. au Liban, dans Tour du monde, 1er sem. 1861.

bal

/ bal /

s. m.

1. Assemblée dansante. Donner un bal. Aller au bal. Bal public. Bal costumé. Bal masqué. Les bals sont très-nombreux cet hiver. Quelle joie les dames ont eue d'apprendre que celui qu'elles ont vu triompher dans les bals fasse la même chose dans les armées ! Voit. Lettr. 140. Chez la reine, où il y avait bal, Hamilt. Gramm. 7. L'autre hiver, chez un ministre, Il mena ma femme au bal, Bérang. Sénat.

/ Donner le bal, amener les musiciens pour faire danser une compagnie. Qu'ils viennent nous donner le bal, Mol. Préc. 16.

/ Ironiquement. Donner le bal à quelqu'un, le maltraiter.

/ Fig. Mettre le bal en train, engager une discussion, exciter les esprits.

2. En termes de jeu, mettre une carte au bal, jouer sur cette carte. On dit, dans un sens analogue, c'est le bal de telle carte.

3. Epée de bal, épée qui ne sert que pour la toilette. Si mon premier langage était scintillant et musqué comme l'épée de bal et la poudre, A. de Vigny, Stello, ch. 20.

4. Anciennement, bal réglé, bal ouvert par un branle. Le dimanche gras, il y eut grand bal réglé chez le roi, c'est-à-dire ouvert par un branle, suivant lequel chacun dansa après, St-Sim. ch. II, p. 24 (t. I, éd. Chéruel et Ad. Regnier fils).

R. Au pluriel nous disons bals ; l'ancien français écrivait bals ou baus, qui se prononçaient l'un comme l'autre.

H. XIIe s. Droe entra el chastel sor son cheval, Mil en troba as tresches e mil au bal, Gerard de Ross. p. 373.

/ XIIIe s. Et s'ele a trop grosses espaules Por plaire as dames et as baules, De delié drap robe port [qu'elle porte], la Rose, 13524. Si cheveil [ses cheveux] sont par ses espaules ; Lors n'ot talent de mener bauls, Ruteb. II, 121. Les pucelles de la cité, Qui lo bal orent demené, Entour elle sont et devant, A leur guise le bal menant, Roman d'Athis dans Du Cange, præsentia. Danses, baus et caroles [vous] veïssiez commencer, Berte, XI.

/ XVIe s. Voici une damoiselle qui, selon la loi du bal continu, baisant sa main, la presenta au chevalier de Meffi, et après une grande reverence, le pria gracieusement de faire un tour de salle pour l'amour de la compagnie, Yver, p. 611. Au demourant tout leur bal consiste au mouvement de leurs pieds, Amyot, Numa, 23.

balader

/ ba-la-dé / v. réfl. Terme populaire. Se promener çà et là, trôler. Il y a le misérable C... [avocat assassiné par la commune en 1871], qui a joué un sale rôle dans cette affaire-là [émeute du 22 janvier 1871], et qui se balade encore dans Paris, aussi tranquille qu'un petit Jean-Baptiste, le Père Duchêne de 1871, cité par M. Du Camp, Rev. des Deux-Mondes, juillet 1877.

baladin, ine

/ ba-la-din, di-n' /

s. m.

et f.

1. Anciennement, danseur, danseuse de théâtre. Il la fit chanter et danser, avec les façons, les gestes et les mouvements qu'avaient à Rome les baladines, St-Evremond, Historiens français, dans Richelet. Du temps de Plutarque, les parcs où l'on combattait à nu et les jeux de la lutte rendaient les jeunes gens lâches et n'en faisaient que des baladins, Montesq. Espr. VIII, 11.

2. Farceur, bouffon. Arlequin et Scaramouche sont des noms de baladins. On les prendrait [les auteurs du XVIIIe siècle] pour les baladins de la grande race qui les a précédés, Chateaub. Génie, III, IV, 5.

3. Sot, homme ridicule. C'est un franc baladin. Ce sens a vieilli.

R. Il vaudrait mieux écrire, ainsi que dans le XVIe siècle, dans la 1re édition du Dictionnaire de l'Académie et dans Furetière, ce mot par deux ll, comme ballade, baller, auxquels il tient. On ne voit pas pourquoi l'orthographe a été changée.

H. XVIe s. Balladins et danseurs, Amyot, Sylla, 2. Un Candiot qui s'appellait Zenon, qui estoit baladin du roy, id. Artax. 27.

baladinage

/ ba-la-di-na-j' /

s. m.

1. Plaisanterie bouffonne et de mauvais goût.

2. Sottise. C'est un baladinage que deux tomes de lettres dans lesquelles il n'y en a pas une seule d'instructive, Volt. S. de L. XIV, 32.

3. Baladinages, nom donné autrefois aux danses par haut, dans lesquelles on sautait plus ou moins, par opposition aux danses par bas ou danses nobles, comme le menuet, la courante, où le danseur ne quittait pas le parquet.

balafre

/ ba-la-fr' /

s. f.

1. Taillade faite, particulièrement sur le visage, par une arme tranchante.

2. Cicatrice qui reste quand la blessure est guérie.

3. Fig. Le plus aimable des hommes qui me fait des balafres et crie qu'il est égratigné, Volt. Roi de Prusse, 129.

H. XVIe s. La balafre du duc recevant quelque eau ou de l'œil ou d'elle mesme, Larchant lui fit aporter un mouchoir, d'Aub. Hist. III, 151. Et il fit une grand balafre à ce tabourin [le creva] avec ce couteau, Desper. Contes, XXXII. Oultre ce que les taches s'agrandissent selon l'eminence et clarté du lieu où elles sont assises, et qu'un seing et une verrue au front paroissent plus que ne faict ailleurs une balafre, Mont. I, 332.

balafré, ée

/ ba-la-fré, frée /

part. passé.

Visage balafré. Henri III fit assassiner Guise le Balafré.

balafrer

/ ba-la-fré /

v. a. Blesser quelqu'un d'une balafre. Le duc d'Orléans ayant commandé à un officier de faire marcher un escadron, il le refusa, sur quoi le prince lui balafra le visage, St-Sim. 163. Mon père voulut faire demander la vie à de Vardes, qui ne le voulut pas ; mon père lui dit qu'au moins il le balafrerait, id. 10, 120.

H. XVIe s. Le volant vieux, hideux de nature, balafré, ils l'avoient pris pour un Zopyre, d'Aub. Hist. III, 224. Les Mahumetans qui se balaffrent le visage, l'estomach, les membres, pour gratifier leur prophete, Mont. II, 259.

balai

/ ba-lè /

s. m.

1. Ustensile de ménage, fait de menues tiges ou de crins et servant à nettoyer. Balai de bouleau, de crin. Donnez un coup de balai dans cette pièce.

/ Faire balai neuf, montrer beaucoup de zèle, en parlant des nouveaux domestiques, et, par extension, de tous ceux qui entrent en de nouvelles fonctions.

/ Rôtir le balais, littéralement en être réduit à brûler, faute de bois, le balai, et, figurément, ne point profiter en quelque métier, en quelque profession, passer sa vie dans un emploi de peu d'importance, dans une condition subalterne. Mme de Maintenon fut revêtue, trente-deux ans durant, du personnage de confidente, de maîtresse, d'épouse, de ministre, après avoir été si longtemps néant, et comme on dit, avoir si longtemps et si publiquement rôti le balai, St-Sim. 414, 210. La duchesse de la Ferté avait une fille qui avait un peu rôti le balai, et qui commençait à monter en graine, id. 59, 234.

/ Par une autre extension du sens de brûler littéralement le balais, faire de grandes dépenses, des folies, des débauches. Ils ont longtemps rôti le balai ensemble.

/ Enfin, par une troisième dérivation, rôtir le balai, s'est dit des sorcières qui mènent une vie désordonnée.

2. En termes de vénerie, la queue des chiens, et, en termes de fauconnerie, celle des oiseaux de poing se nomment balai.

3. En langage de marin, balai du ciel, le vent du nord-est.

4. Balai de sorcier, branche déformée par maladie en un sapin. Il [le chaudron, maladie du sapin] résulte d'un arrêt de sève qui se manifeste à l'origine par un rameau déformé qu'on appelle, dans les Vosges, balai de sorcier, H. Fliche, Man. de Botan. forest. p. 281, Nancy, 1873.

5. Portion de la queue, chez les poissons. Les trieurs couperont aussi, deux fois par jour, la moitié du balai de la queue à cette qualité de poissons [morues plates] avant de la remettre dans la cale... Art. 10 de la direct. du Corps consulaire de Dieppe du 25 juill. 1776, dans Notes sur l'écorage, par J. Delahais, p. 31.

6. Il se dit, en général, d'une pousse désordonnée de brindilles autour de la cicatrice d'une grosse branche coupée.

R. Béranger a dit : Sachez que la nuit dernière, Sur un vieux balai rôti, Avec certaine sorcière Pour l'enfer je suis parti, Enfers. Les sorcières à la vérité étaient dites aller au sabbat sur un manche à balai ; mais elles ne rôtissaient le balai que figurément. Balai rôti est donc une méprise. Avant de toucher aux locutions proverbiales, il faut en connaître à fond l'origine.

H. XIIe s. E se nuls bat sun maistre, il se maine à beslei [il se conduit mal] ; Par kei est cil qui tient e carcan e balei, Th. le Mart. 73. Li evesques de Lundres tint el puing le balai, Reguarda le cors saint e reguarda le rei, ib. 162. Mis peres vus bati de verges deliées, mais je vus baterai de grandimes balains, ki serunt dur e espinus, Rois, 282. En cest païs n'ai ami si courtois, Que vers ces deux me valsist un balois, R. de Camb. 29.

/ XIIIe s. Tu lez saluz de nostre essence, Balais de nostre vanitei, Cribles de nostre conscience, Ruteb. II, 14. La charretée de ballès doit un denier de tonlieu, Livr. des métiers, 323. Or y faut fourche et fleau, Balay de bou [bouleau] et grant et biau, Choses qui faillent en menage.

/ XIVe s. Elle, toute courroucée, avoit mis le balay derriere l'uis, Ménagier, I, 6. Et le [l'épervier] doit l'en [on] tenir si court que, au reget de son debat, il ne mefface à son balay [queue], ib. III, 2.

/ XVe s. Sorcier et chevaucheur de balai, Du Cange, caballarii.

/ XVIe s. Prend le ballay et tout à l'environ Va nettoyant la meule et le gyron, du Bell. VII, 3. verso. Doux esventaux de l'air, frais balais de la terre, du Bartas, dans Furetière.

balais

/ ba-lê /

adj.

m. Rubis, balais, variété de rubis, couleur de vin paillet.

/ Fig. Rougeurs au nez d'un ivrogne. Son nez... Où maints rubis balais tout rougissants de vin, Régnier, Sat. X.

H. XIIIe s. Ma parole est moult vertueuse, Ele est cent tans plus precieuse Que saphirs, rubis, ne balai, la Rose, 20125.

/ XVe s. Plus que rubis noble ou balais, Ch. d'Orl. Bal. 102. Ils gaignerent trois belles perles appellées les trois freres, ung autre grand ballay, appellé la hotte, une autre appelée la balle de Flandres, qui estoient les plus grandes et les plus belles pierres que l'on sceust trouver, Comm. V, 2.

 

   

 

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